Jamais il n'y a eu autant de guerres que depuis la chute du mur de Berlin, il y a dix ans. Celle du Kosovo confirme l'inadaptation de la défense française aux conflits réels : hormis la dissuasion nucléaire, elle ressemble à une armée de 14 juillet, mieux préparée pour les défilés que pour les conflits.

La France et l'Allemagne ont été les locomotives de la construction européenne. La dynamique de la monnaie unique va sans doute les obliger maintenant à défendre les intérêts de l'Europe dans le monde, y compris face à l'hégémonie américaine.

Pour Marc Grossman, la politique des Etats-Unis n'est pas aussi "simpliste" que le disent certains Européens.

L'hégémonie américaine a nettement moins d'avenir qu'on ne le croit. Et son rival en puissance n'est pas la Chine ou le monde islamique, mais l'Europe.

Par défaut de volonté, par insuffisance d'être, par pleuterie, par instinct de servitude, l'Europe est en train de se résigner à n'être qu'un espace commercial régi par le libéralisme et, politiquement, un dominion des Etats-Unis.

Pour cet artiste culte, l'Amérique s'est retranchée dans une forteresse d'arrogance et d'ignorance.

En essuyant une série de rebuffades de la part des Européens à propos de l'Irak, l'Amérique de George Bush découvre la profondeur d'une fracture due à une crise de confiance et à deux années de mépris affiché de Washington pour la construction européenne.

Incapacité d'intégrer la mondialisation, poids excessif de la politique agricole et des régions, le rapport Sapir pointe l'obsolescence du modèle de croissance européen hérité de l'après-guerre.

Georges Bush à Bruxelles, Codoleezza Rice à Paris et dans d'autres capitales européennes... La hache de guerre est peut-être en voie d'être enterrée. Livres et articles saluent la "différence européenne", et dans l'opinion publique l'image du Vieux Continent perd de sa noirceur.

Embassades à Bruxelles, accord sur le Liban et quelques autres dossiers... L'idée d'un partenariat global reste pourtant du domaine du rêve.

Malgré les mises en garde de la Russie, les Etats-Unis veulent installer des bases pour leur bouclier anti-missile en Pologne et en République tchèque. Quel est leur véritable but ? C'est la question qui divise les opinions publiques et les stratèges en Europe centrale.

Les attentats du 11 septembre résonnent aux quatre coins de la planète. Autrefois théâtre et origine de tant de violence, l'Europe se découvre une vocation de médiateur sur la scène internationale et renforce ses dispositifs anti-terroristes ; les Etats-Unis doivent faire face à leur responsabilité pour définir et engager un bien commun à visée mondiale, en s'alliant à d'autres.