Retour sur l'édition 2015 du festival de Cannes.

Le festival de Cannes, chaque année, prend de plus en plus d'importance par rapport à ses concurrents internationaux et propose, au bas mot, la moitié des meilleurs films de l'année. Et, pourtant, tant d'efforts artistiques, financiers, techniques, organisationnels peuvent être mis à mal comme pour cette 69ème édition, par un palmarès en partie aberrant et qui valut au jury, fait rare, d'être accueilli par des sifflets lors de sa conférence de presse finale.

Un an après les fastes du soixantième anniversaire, cette édition 2008 semblait vouloir jouer les profils bas.

Que l'on s'en réjouisse ou pas, que l'on soit sensible au barnum que déclenche ce festival qui n'a plus depuis longtemps la moins mesure, Cannes reste une occasion unique de prendre la température du cinéma mondial. Toutes sélections confondues, l'opportunité est belle de voir des films qui n'auront pas nécessairement une sortie nationale, de prendre le pouls de cinématogaphies qui n'ont pas l'heur de rencontrer le grand public, de mesurer la cote de popularité de différents genres, de cinéastes reconnus, de remarquer l'irruption de nouvelles formes ou de cinéastes prometteurs.

Il suffit d'établir le bilan d'une année de cinéma pour vérifier que plus de la moitié des meilleurs films sont passés par l'une ou l'autre des sections du Festival de Cannes, lesquelles n'en programment en fait que moins d'une centaine, ce qui en dit long sur la rigueur de l'écrémage. Pourtant, quand on annonce un grand cru, les désillusions sont parfois au rendez-vous et lorsqu'on redoute le pire, on a souvent le meilleur.

Comme chaque année, la rédaction de l'"ASC" s'est réunie pour revivre Cannes. Comme chaque année, les débats ont fait rage, les coups de coeur des uns n'étant pas nécessairement ceux des autres. Au final, voici, toutes sections confondues, le résultat de nos cogitations... Une sélection de 30 films (contre 25 l'an passé, tout augmente) à laquelle il faut ajouter "Deux jours, une nuit", qui était le film du mois de notre numéro précédent, et "Jimmy's Hall", le dernier opus de Ken Loach, dont il est par ailleurs question dans ce numéro.

Une Palme d'or et deux Prix d'interprétation ont validé les paris de Thierry Frémaux qui avait pris le risque de sélectionner cinq films français, soit un quart des titres en compétition. Le palmarès a toutefois suscité une unanimité assez rare, car même si "Dheepan" n'est sans doute pas le plus grand film de Jacques Audiard, le jury des frères Coen a confirmé la légitimité du Grand Prix obtenu en 2009 par "Un prophète".

Seuls les astronautes en mission et les prisonniers au mitard doivent ignorer que la Palme d'or cannoise est, cette année, française.