Pour essayer de penser ce que fut 1968 en poésie, il est à craindre surtout qu'une vision trop étroitement française ne s'égare avec myopie dans un champ beaucoup trop restreint.

Parti du désir de retrouver une figure à la fois emblématique et anonyme de cette population qui ne fit jamais les gros titres des journaux, le film en vient à saisir certaines contradictions de Mai 68, principalement autour de la manière de concevoir une grève : pour les syndicalistes, elle doit se clore lorsque des négociations aboutissent même si elles ne répondent pas complètement aux exigences de la base ; pour d'autres, le combat doit continuer jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications.

Jean-François Kahn s'est attaqué à l'écriture d'une contre-encyclopédie et publie en octobre prochain chez Tallandier "M la maudite, la lettre qui permet de tout dire". Mai 68 y est à l'honneur ainsi que mai 1958. L'auteur, qui couvrit «les événements» de Mai 68 pour "l'Express", revient pour la "Revue des Deux Mondes" sur les coulisses et les enjeux de ce moment de l'histoire française. Chaque camp, nous explique l'essayiste, a construit sa mythologie de 68, totalement négative ou totalement idéalisée. Aucune, bien sûr, n'en restitue la complexité. Sommaire.

Charles Maurras a failli avoir 150 ans le 20 avril 2018. Mais finalement, aucun représentant de l'Etat n'est allé souffler les bougies au milieu des herbes folles de son jardin de Martigues, au bout du chemin de Paradis. L'Etat, Maurras n'avait pourtant que cela en tête. Parfois même un peu trop. « On pourrait, avec toute la prudence qu'un tel jugement requiert, prétendre que les cinq plus belles expressions françaises de la religion de l'Etat ont été fournies par Richelieu, Louix XIV, Napoléon, Charles Maurras et Charles de Gaulle», écrivait l'un de ses biographes en 1971.

Au contraire de ses collègues, l'anarchiste monégasque a connu une heureuse et accidentelle rencontre avec les événements de 1968. De là ont découlé les disques les plus fous de sa carrière, révérés aujourd'hui par la jeune garde pop dans un disque hommage.

Tandis que la presse célèbre unanimement les événements qui firent trembler la France gaulliste voici un demi-siècle, l'importance musicale locale du mouvement semble moins évidente. Et plus tardive en tout cas.

Pour célébrer les 50 ans de Mai-68, la ressortie de "Cocktail Molotov", le second film de Diane Kurys, semble tomber à pic. Son premier, "Diabolo Menthe", réalisé deux ans plus tôt, avait fait forte impression et récolte le prix Louis Delluc. "Cocktail Molotov" n'avait sans doute pas provoqué le même engouement lors de sa sortie et n'était plus visible depuis longtemps (le DVD n'a jamais été édité). Notre désir était grand de voir s'il n'avait pas trop vieilli... La réponse est sans ambiguïté : c'est non.

En 1968, notre hebdomadaire se rangeait du côté des manifestants et des grévistes. Et la contestation gagnait la rédaction. En complément, l'album des lecteurs.