Nous publions ci-dessous le discours prononcé à l'occasion du dîner du Cercle de la "Revue des Deux Mondes" du 16 janvier 2006.

La relative résistance de l'économie française est le fruit d'une succession de retournements brutaux. La France a connu de brillantes périodes d'expansion de 1815 à 1860, durant la Belle Epoque, au cours des années 1920 et surtout des Trente Glorieuses. A l'inverse, elle a enduré une longue stagnation entre 1882 et 1896, puis brutalement décroché des grands pays développés pendant la grande dépression des années 1930. Depuis la fin des années 1970, elle s'est installée dans un long déclin, qui s'est accéléré avec la crise du capitalisme mondialisé en 2007.

Alors que la croissance ralentit et que le chômage repart, le ministre de l'Economie et des Finances qui nous a reçu dans sa propriété du Gers, diagnostique un simple trou d'air.

Redistribution immédiate des dividendes de la reprise ou baisse des impôts ? En refusant l'un et l'autre, le Premier ministre montre qu'il reste fidèle à sa méthode : prudence et pragmatisme.

Les erreurs de 1981 ne se reproduiront pas, car la France a changé. Inflation faible, commerce extérieur positif donnent des marges de manoeuvres à Lionel Jospin...

Quel est le cap du gouvernement ? De plan en plan, de mesurette en maladresse, on a beaucoup de mal à le deviner. A moins qu'on aille tout simplement dans le mur...

La pause fiscale dès 1996, c'est un impératif économique pour la croissance et un impératif politique pour les législatives de 1998. N'attendons pas que le chômage augmente pour corriger le tir !

C'est la nouvelle mode. Enfin, comme toutes les modes, c'est un éternel recommencement. Et ceux qui la relancent appellent ça du "Keynes à l'envers". Du nom du très célèbre économiste britannique qui, dans la grande dépression des années 30 et plus tard, soutenait que l'augmentation des déficits publics et celle des salaires étaient la seule voie pour sortir de la crise et retrouver la croissance...

Comment les Français feraient-ils confiance à un gouvernement qui leur a pris 100 milliards supplémentaires en un an sans pouvoir annoncer de victoire sur aucun front ?

Confronté à des choix difficiles, Nicolas Sarkozy donne l'impression d'avancer à l'impulsion. En matière économique, il est habituel de justifier la méthode Coué par le caractère "auto-réalisateur" des prédictions officielles.