Avant même le sanglant attentat du métro Port-Royal, le président avait décidé de s'adresser aux Français. Avec un Premier ministre souffleté par sa propre majorité, des routiers qui ont fait plier le pouvoir et une opposition qui s'affirme, le voici contraint d'abandonner sa stratégie du mutisme. Mais pour dire quoi ?

C'est un verdict sans appel. Jamais un Premier ministre n'était tombé aussi bas. Certes, il ne s'agit que de sondages d'opinion. Mais jusqu'à quand un président, lui-même très affaibli, pourra-t-il ignorer l'opinion des Français, et surtout les raisons d'un rejet ? Ces raisons, les voici.

C'est la question que se posent tous les Français. Quelle réponse ? Pacte secret ? Absence de candidats ? Espoir en un hypothétique regain de popularité ? Ou bien, tout simplement, le président a-t-il enfin décidé de prendre lui-même les rênes ?

Le président avait ironisé sur le "poison du scepticisme" et exhorté le pays à l'"optimisme volontaire". Visiblement la leçon de morale estivale n'a pas été entendue. Et le climat de la rentrée est jugé détestable par une écrasante majorité (88 %).

Sa réforme de la Sécurité sociale n'a pas que des partisans. Mais elle a rassuré ses amis sur la capacité du Premier ministre à tailler dans le vif. Et sur la réalité du couple Chirac le politique-Juppé le "techno".

En annonçant aux Français que la réduction des déficits était désormais la priorité des priorités, le président est certes en contradiction avec le programme du candidat Chirac. Mais a-t-il jamais cru à ses propres promesses ?

Le chef de l'Etat déconcerte les Français. Après la rencontre manquée avec Zeroual, ils s'interrogent plus que jamais : pourquoi a-t-il raté à ce point le début de son septennat ?...

Jamais Premier ministre n'avait autant eu besoin de soutien. Le RPR lui a offert le sien dimanche dernier. Mais son sacre ressemble plus à un prix de consolation qu'à une motion de confiance.

Au moment où une avalanche de critiques s'abat sur le Premier ministre, Jacques Chirac se trouve miraculeusement épargné. Jusqu'à quand Juppé pourra-t-il assumer son rôle de paratonnerre ?

Après quatre mois à Matignon, le surdoué n'a toujours pas réussi son examen de passage. Trop froid ? Mal préparé ? Surtout, les chiraquiens se demandent : et si Juppé n'avait rien compris au chiraquisme ?