Les ressorts se sont-ils détendus de la solidarité entre générations ? Doit-on diagnostiquer une panne dans la transmission intergénérationnelle ? L'hypothèse de travail de ce dossier est la suivante : au-delà de leur diversité, nombre de jeunes, appréhendent aujourd'hui que le monde qui leur est légué par les aînés est sans avenir pour eux, inhabitable d'un point de vue climatique, financièrement proche de la faillite, politiquement illisible.

Question absurde. Mais plus la maison brûle, plus on regarde ailleurs. Comment nos démocraties, programmées pour composer avec les intérêts en présence, garantiront-elles les droits en devenir ? La question pourrait bouleverser nos institutions, nos modes de vie, notre éthique.

Pour le philosophe Dominique Bourg, le monde court à la catastrophe et la démocratie représentative l'y entraîne assurément. Il propose la création d'une troisième chambre pour représenter les intérêts du long terme. Mais le syndicaliste Jean-Pierre Bompard n'y voit qu'une institution de plus, démunie de représentativité. Echange de convictions fortes... et discordantes.

Nos modes de consommation seraient-ils plus faciles à remettre en cause que nos modes de production ? Si nul n'ignore plus l'ampleur de la crise environnementale qu'affronte l'humanité, la crise de civilisation dont elle s'accompagne reste, elle, peu identifiée. On ne sortira pourtant de l'impuissance qu'à condition de la diagnostiquer clairement et d'en mesurer toute la gravité.

L'invention de l'avenir naît avec la modernité, alors que la croyance en la fatalité avait longtemps enfermé la pensée. Aujourd'hui, écrivains et experts rivalisent pour imposer dans le débat public leur vision du futur.

Face à la question de l'avenir et du progrès, le clivage gauche-droite n'est plus pertinent.

Comme indiqué en ouverture de l'article de Gérard Klein sur "l'invention de l'avenir" dans ce même numéro, Futuribles a décidé d'initier une "saga" sur les relations et apports de la science-fiction à la prospective, afin de discerner si, et dans quelle mesure, les auteurs de science-fiction ont eu une influence sur les imaginaires collectifs et sur les réflexions prospectives. Cet article de Yannick Rumpala aborde ces questions sous l'angle sociopolitique : quels sont les apports de la science-fiction aux réflexions sur l'avenir des sociétés et leur organisation ?

L'histoire des réflexions sur le futur et de la prospective a donné lieu à plusieurs livres et articles émanant essentiellement d'auteurs américains et français. Mais, sauf erreur de la part de "Futuribles", nul ne s'était attaché autant qu'Elke Seefried à exposer comment cette "indiscipline" avait été perçue en Allemagne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. De ce fait, le compte rendu de son livre par Corinne Roëls apporte un éclairage intéressant, y compris en raison des controverses qu'il peut susciter.

Face à une opinion sceptique sur ses chances de revenir au premier rang du combat politique, son nouveau statut peine encore à se dessiner. Quel rôle si la route de la présidentielle reste barrée? Retraité de luxe, vigie d'un socialisme moderne ou parrain bienveillant de la première secrétaire ?

Entretien, en mars 2013, avec Pascal Lamy, directeur général de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) qui livre son analyse de la croissance mondiale. Il dresse un bilan contrasté de ce qu'il nomme le ″grand basculement″. Si la mondialisation a considérablement fait reculer la pauvreté au niveau mondial, les inégalités ont augmenté au sein même des pays. Il affirme que le capitalisme de marché tel qu'il s'est développé n'est pas tenable à termes. Pourtant le libre-échange garde encore à ses yeux largement plus d'avantages que de défauts, mais avec un minimum de protectionnisme.

Avis d'expert, en 2014, sur le monde du travail et les conditions de travail de demain, en raison de l'émergence des robots. Une technologie qui, si elle devient l'avenir de l'homme, risque de créer une nouvelle forme d'asservissement. Cynthia Fleury (philosophe politique) : "Des types nouveaux de pénibilité et de précarité". Pierre Bellanger (patron de la radio Skyrock) : "Un siècle a-humain, qui n'a plus besoin des gens". Pascal Picq (paléoanthropologue au Collège de France) : "Des animaux et des robots cognitifs... et humaines".