La France, restée longtemps le plus "paysan" de tous les pays industrialisés, n'a jamais vraiment aimé l'industrie. Alors, comment, et au prix de quel mystère, notre pays est-il tout de même devenu la cinquième puissance industrielle du monde ?...

Dans un pays ravagé par la guerre, il y a urgence à retrousser ses manches. Il faut reconstruire les logements, restaurer les réseaux de communication, faire repartir l'industrie et l'agriculture. Tout cela est rendu possible par l'arrivée du franc ″à quat'sous″ de Poincaré, qui ose, le premier, une dévaluation retentissante. Pas moins de dix-sept autres suivront au XXe siècle. Quant à l'immigration, elle est bel et bien l'autre clé de la renaissance.

En l’espace de plusieurs siècles, l'industrie a imprégné, outre l’histoire économique et sociale, les paysages et cultures de nombre de territoires français. Si la plupart d’entre eux sont fragilisés depuis plusieurs décennies par le contexte de désindustrialisation et de mondialisation, tous ne s’effondrent pas économiquement. L’industrie structure encore nombre de territoires de l’Hexagone, socio-économiquement et spatialement.

Sauf pour ceux qui perdent leur job, la délocalisation des industries et des services vers le tiers-monde suscite un débat académique : certains la présentent comme le mal absolu, d'autres estiment que c'est un facteur de progrès...

Au secours, nos usines foutent le camp ! Au-delà du "trou d'air" conjoncturel qui accentue l'hémorragie, la France subit l'inexorable désindustrialisation d'un pays à fort coût de main-d'oeuvre.

Au secours, notre industrie fout le camp ! Derrière ce cri d'alarme se cache, heureusement, une réalité plus contrastée.

Près de 1,5 million d'emplois industriels ont disparu depuis 1978. Mais le spectre d'une France sans usine peut être écarté.

Un symbole est tombé. Un des fleurons du capitalisme français a été avalé par le Canadien Alcan. Dix-huit mois plus tard, les milieux politiques et industriels s'alarment : la mondialisation menace aussi les champions nationaux.

Dans une économie mondiale en pleine révolution, notre pays doit transformer sa vision de la recherche et de la technologie.

Les métiers techniques ont encore trop souvent une image ringarde. Pourtant, du CAP à l'ingénieur, ils ont changé.

Jadis, on s'inquiétait des délocalisations. Aujourd'hui, on parle davantage de "désindustrialisation". Qu'importe le mot, le fait est que, partout en Occident et notamment en France, l'on craint que la Chine ne devienne l'usine du monde et l'Inde son principal fournisseur de services high-tech, sans parler ici des pays d'Europe centrale et orientale, et plus généralement, de la concurrence qu'exercent vis-à-vis des vieux pays développés les nouveaux pays en développement rapide.

Les Français font, écrit Michel Godet, une fixation abusive sur les délocalisations hors du territoire national des entreprises industrielles.