Il faut toujours se méfier de la nostalgie qui renverrait à un âge d'or révolu, et l'état de la presse ne fait pas exception. Il y a plus d'un siècle, Emile Zola observait déjà : "Tous les hommes de cinquante ans regrettent l'ancienne presse, plus lente et plus mesurée", désormais écrasée par le "flot déchaîné de l'information à outrance", des dépêches et des procès-verbaux. "Est-ce le journal qui a éveillé dans le public cette curiosité croissante ? s'interroge alors l'écrivain. Est-ce que le public qui exige du journal une indiscrétion de plus en plus prompte ?

Après l'OPA de Vincent Bolloré sur le "JDD", la question de la concentration des médias revient au premier plan. Mais cette réflexion nécessaire ne doit pas masquer d'autres facteurs qui entravent le pluralisme et l'information de qualité.

La critique cinéma en France s'est historiquement constituée autour d'un duopole : "Positif", aujourd'hui édité par Actes Sud et l'Institut Lumière, et les "Cahiers du cinéma", détenu depuis 2009 par l'éditeur d'art Phaidon, après son rachat auprès du groupe La Vie-Le Monde. Duopole à l'importance diminuée depuis une décennie, avec l'apparition de "So Film", publiant de très bons entretiens et reportages, et "La Septième Obsession", portée par de jeunes plumes et une concentration sur l'esthétique ; et complétée, depuis 1972, par "Mad Movies", pour les amateurs de cinéma de genre.

Des journalistes britanniques ont pris la tête de rédactions parmi les plus prestigieuses du pays, du “Washington Post” jusqu’à CNN. Ils bousculent la culture et les modèles économiques de ces médias, en grande difficulté.

Le milliardaire ultraconservateur Pierre-Edouard Stérin a dû renoncer au rachat de l'hebdo. Au profit d'une offre rivale appuyée par des amis de l'Elysée.

En 2010, associé à Xavier Niel et à Matthieu Pigasse, Pierre Bergé met la main sur le quotidien du soir "Le Monde". Grâce à lui, et à un don de 10 millions d'euros, la rédaction gagne son indépendance. Mais en coulisse, le chemin n'est pas toujours rose.

En 2007, Bernard Arnault rachetait "Les Echos" en promettant l'indépendance à ses équipes. En 2023, il renvoie son directeur et met ''Le Parisien" sous tension. Vincent Bolloré fait-il école chez les milliardaires qui possèdent des médias ?

Le financier milliardaire a dirigé "L'Express" pendant presque dix ans, au tournant des années 1980. Une décennie de tumulte et d'éclosion de talents.

Les médias sont-ils vraiment libres et indépendants quand ils appartiennent à des femmes et des hommes d'affaires influents ?

En France, la grande majorité des chaînes de télé, de radio et des journaux est concentrée dans les mains de quelques milliardaires.