Cette contribution a reçu le Prix critique 2013 de l'Institut international Charles Perrault. Elle est ici présentée dans une version remaniée par son auteure pour "Le Revue des livres pour enfants". Une synthèse très référencé sur un domaine de la production auquel nous avons toujours attaché beaucoup d'importance dans notre revue.

Du 19 au 26 juin 2013 s'est tenu au Centre culturel international de Cerisy, dans la Manche, un colloque réunissant universitaires, auteurs, éditeurs, et bibliothécaires autour du thème "Littérature et culture de jeunesse : configuration des moeurs" sous la direction de Christian Chelebourg et Francis Marcoin. C'était un véritable événement car il n'y avait pas eu de colloque à Cerisy sur ce thème depuis 2004.

En écho à notre dossier "Fiction pour la jeunesse, miroir de la société" publié il y a un an, qui s'attachait au courant de la littérature réaliste, nous avons voulu explorer l'autre grand pan de la production, celui des littératures de l'imaginaire qui ont fait irruption sur le devant de la scène éditoriale, en France et à l'internationale, à l'aube du XXIe siècle, à la suite du succès planétaire d'"Harry Potter".

Une parodie de littérature enfantine fait fureur aux Etats-Unis. Son auteur, Adam Mansbach, est un romancier reconnu et le père exténué d'une petite fille qui a du mal à s'endormir.

Pour combler le vide laissé par la saga du jeune sorcier, les éditeurs parient gros sur des auteurs inconnus. Parmi leurs favoris, la jeune Erin Morgenstern, dont le roman ″The Night Circus″ est paru en septembre 2011 aux Etats-Unis.

Serge Bloch est un créateur très populaire dans le monde de l'édition et de la presse pour la jeunesse grâce, entre autres, aux petits héros de ses séries comme "Max et Lili" chez Calligram ou "Sam Sam" chez Bayard jeunesse qui a été adapté en dessin animé pour la télévision.

En écho au thème de notre dossier il nous a semblé important de ré-ouvrir cette rubrique pour une mise au point sur les quatre sélections de livres pour la jeunesse proposées aux enseignants de l'École et du Collège par une commission du ministère de l'Éducation nationale à laquelle le CNLJ a été associé. Des sélections qui légitiment la littérature de jeunesse au sein de cette institution et qui offrent aux bibliothécaires des pistes de collaboration intéressantes avec les enseignants et en direction des jeunes publics.

Pendant quarante ans, portée par une révolution créative, la littérature jeunesse s'est dépoussiérée et, ce faisant, s'est rapprochée de l'institution, de l'école. Aujourd'hui, la grande bourrasque de la littérature " Y.A." semble opérer un mouvement inverse. En allant vers la littérature de genres, en privilégiant la notion de distraction, elle semble ne rien avoir à faire avec l'institution qu'elle désarçonne. Si cette nouvelle littérature des jeunes adultes déconcerte plus d'un médiateur, elle semble ravir les grands ados et jeunes adultes qui s'y précipitent.

Dans les années 1970, quand elle s'est lassée d'être pour les enfants, fussent-ils âgés de 7 à 77 ans, la bande dessinée est partie à l'assaut du monde des adultes. Quarante ans plus tard, il y a finalement assez peu de BD exclusivement pour adultes (au sens érotique du terme, pour faire simple...), mais le Neuvième art a mis en place un vaste territoire ado-adulte où qui veut vient piocher ce qu'il veut. L'étiquette "ado adulte", désormais courante en librairie, bien plus qu'en bibliothèque, est un peu l'auberge espagnole.

La Bpi est un espace particulier dans le paysage des bibliothèques françaises. Si ce qui s'y expérimente ouvre des portes nouvelles, ses innovations ne sont pas toujours transposables à l'échelle d'une bibliothèque plus modeste. Pourtant les questions qui se sont posées à l'équipe de la Bpi sur l'accueil d'une "nouvelle génération" sont des questions qui interrogent l'ensemble des médiateurs du livre. Comment faire pour que les jeunes adultes d'aujourd'hui laissent à la bibliothèque sa place dans la cité ?