En s’inspirant de son expérience, le Japonais Ryûta Tsushima a dessiné un manga sur la dépendance au sexe. Ce sujet, délicat à aborder, résonne avec le sexisme qui imprègne encore fortement la société nippone.

Les ouvrages adaptés d'une langue étrangère ont continué à perdre du terrain en France en 2020. Ils ne représentent désormais plus que 17,6 % de la production globale, contre 18,1 % en 2019 et 19,1 % en 2017. En volume, le recul est plus prononcé avec 1718 adaptations de moins, soit une baisse de 13,8 %. Toutes les catégories littéraires et langues s'affichent en berne, à l'exception du polonais, +2 %, et du japonais, +1 %. Ce dernier profite notamment du dynamisme du manga, qui s'est montré quasiment stable.

En ce mois de novembre 2023, le géant Hayao Miyazaki se livre par deux fois à nous avec son nouveau long-métrage, "Le Garçon et le héron", et la parution du récit illustré "Le Voyage de Shuna" chez Sarbacane. Cette double actualité rappelle que si le rayonnement mondial de son oeuvre doit presque tout à ses films, sa carrière sporadique de mangaka vaut largement d'être redécouverte et étudiée, tant elle esquisse à la fois les contours d'une vocation contrariée et démontre une vraie porosité entre les deux mediums, qui ne cessent d'entretenir d'entêtants échos.

Cinquante ans de carrière et toujours à la manoeuvre. Kaiji Kawaguchi, maître du thriller géopolitique, est un talent discret mais constant. Découvert en France vers le milieu des années 2000 (avec "Eagle" chez J'ai lu puis Casterman, "Spirit of the Sun" chez Tonkam et "Zipang" chez Kana), il revient aujourd'hui chez Panini, qui a la bonne idée de rééditer son excellent polar "Seizon Life". Le prétexte était donc tout trouvé pour partir à la rencontre de l'auteur, qui nous a aimablement ouvert les portes de son atelier tokyoïte en juillet 2023.

Présente lors de la dernière édition de Japan Expo à Paris, l'autrice de "Shut Hell" et "Ookami Rise" (tous deux édités par Panini) n'a pas rechigné à la tâche : bain de foule, dédicaces, interviews ; bref, la totale pour cette pure mangaka de genre transie d'un amour infini pour l'action. Entre deux confessions sur ses sympathiques lubies (les trains et les marteaux d'armes), elle dissèque pour nous une carrière traversée par le doute et le goût de l'apprentissage.

Après la Révolution française et ses décapitations à la chaîne (la saga "Innocent", publiée chez Delcourt), Shin'ichi Sakamoto s'attaque à l'Everest littéraire de Bram Stoker et revisite la figure du comte Dracula pour les besoins de "#DRCL midnight children", sa nouvelle série en cours de publication au Japon (en France, c'est Ki-oon qui assure la livraison). Invité de marque du prochain Festival d'Angoulême, où une chapelle lui sera dédiée (!), le mangaka a accepté de nous livrer quelques secrets de fabrication, tout en prenant soin de ne pas trop en dévoiler. Mystère, toujours...

Star de la culture populaire occidentale, qui en a lessivé l'image à coups de fictions parfois très contestables, le vampire s'est également immiscé dans le manga à partir des années 60, avec plus ou moins d'éclat et de pertinence selon les plumes qui l'ont illustré. Inventaire fatalement non exhautif d'un genre qui semble encore aujourd'hui stimuler les artistes.

Quand un vétéran de l'horreur réputé pour ses concepts méchants s'associe à un jeune dessinateur au style surtendu, le résultat fait évidemment des étincelles... Ou plutôt de grosses giclées écarlates : avec "Pumpkin Night", slasher tordu sorti il y a quelques semaines en France (chez Mangetsu), Masaya Hokazono et Seima Taniguchi infiltrent une mythologie pop typiquement américaine pour mieux la soumettre à leur vision iconoclaste. La cruauté, oui, mais pas n'importe comment !

Plus qu'un magazine, "Garo" aura été un creuset d'expérimentations et de réflexions engendrant des secousses qui ont largement débordé le cadre du manga et qui continuent d'agiter les imaginaires au Japon et ailleurs. Après lui avoir consacré une exposition en 2011, le journaliste Claude Leblanc retrace son histoire dans un savant ouvrage édité par IMHO et dont nous vous proposons un extrait.

Lancé suite à l'arrêt du mythique Garo, le magazine AX accueille depuis sa création en 1998 une faune artistique parmi la plus chamarrée du paysage manga. À l'origine de sa naissance, Noriko Tetsuka nous explique comment elle a repris et porte aujourd'hui un flambeau suivi avec passion par tous les amateurs de propositions dissidentes.