Le masculin n'est plus ce qu'il était. Le phénomène fait l'objet d'un déni, c'est un sujet tabou qui n'a pas encore émergé dans le débat public de ce côté-ci de l'Atlantique et, pourtant, les faits sont là, flagrants et massifs : à tous les âges, désormais, les hommes décrochent tandis que les femmes font la course en tête. Dès l'enfance, on constate un désinvestissement scolaire des garçons, un comportement d'échec ou de décrochage qui se traduit notamment, mais pas seulement, par une inégalité de performance entre garçons et filles en faveur de ces dernières.

Les reconfigurations de la masculinité chez les jeunes générations sont l'objet d'un intérêt croissant, non exempt de polémiques, sur fond de discours alarmistes sur l'"échec des garçons". Loin des espoirs des féministes d'une redéfinition de l'identité masculine qui leur serait favorable, il semble bien que, de l'omniprésence de l'imaginaire de la pornographie jusqu'à l'apparition hypothétique d'une génération d'hommes-enfants, les redéfinitions contemporaines suivent un chemin inattendu qui reste encore largement à comprendre.

On devient adulte de plus en tard, vers la trentaine disent les chiffres, et quitter l'enfance ne va pas sans heurts ni souffrance. Les rites de passage ont disparu de nos sociétés contemporaines. Pas facile dès lors, mais pas impossible, de gagner en maturité sans peur de se perdre.