Objet d'une organisation complexe du cerveau, la mémoire permet, dit le neuropsychologue, de replonger dans le passé mais aussi de former des projets.

Selon la stratégie employée pour nous souvenir d'un trajet, nous utilisons l'une ou l'autre partie de l'hippocampe, zone du cerveau impliquée dans la mémoire.

C'est l'une des caractéristiques humaines les mieux ancrées : de Lascaux à Facebook, les individus n'ont cessé d'accumuler la trace de leurs expériences pour en garder le souvenir. Une guerre contre l'oubli qui atteint son paroxysme aujourd'hui : avec les capacités de stockage des mémoires numériques, il est devenu plus fastidieux d'effacer que d'enregistrer une information. Or, voici que les neurosciences viennent bousculer cette manière de penser : la mémoire a besoin d'oubli. Mieux, sans lui, notre cerveau ne parvient plus à trier les données ni à leur donner du sens.

Sur les traces de l'apprentissage.

Des souris insensibles à la nicotine.

On se souvient mal... Pis : on ne se souvient plus... Et si en réalité on ne faisait que se souvenir différemment. Et si ce que l'on prend pour des insuffisances - ou même des pannes de notre mémoire - n'était qu'une forme de réécriture de nos souvenirs. C'est en tout cas ce que montrent les dernières recherches. Contrairement à ce qu'on a cru jusqu'à maintenant, la mémoire ne serait pas un disque dur qui stocke des informations figées. Si nos souvenirs changent, c'est parce que en permanence nous les réactivons et les enrichissons.

Les psychologues l'ont découvert, nous avons tous plusieurs mémoires. Par conséquent, il existe de multiples façons d'oublier. Involontairement, comme chez les patients Alzheimer, dont l'identité même se désagrège en même temps que leurs souvenirs. Volontairement, quand l'histoire officielle sélectionne les événements dont elle préfère se rappeler. Quant aux souvenirs d'enfance, que nous considérons comme emblématiques, aux sources de notre être, bien souvent ils sont faux : nous les déformons en les fixant. La mémoire n'est pas gravée dans le marbre, mais tracée sur du sable !

La mémoire biologique repose sur des mécanismes beaucoup plus élaborés que le codage binaire des mémoires numériques. Elle est efficace, pertinente, adaptée au contexte et capable d'oubli. Mais, malgré la plasticité cérébrale, sa capacité de stockage est probablement limitée.

Une expérience originale a permis de démontrer qu'un souvenir particulier est codé, dans le cerveau, par un petit nombre de neurones bien définis.

Certes, il n'est rien de plus irritant que de chercher, sans le retrouver, le nom d'une personne que l'on connaît, le compositeur d'un morceau de musique déjà entendu, la date de l'anniversaire d'un ami. Qui n'a rêvé d'une mémoire infaillible ? Ou de réussir à se concentrer sur un dossier ennuyeux, sur un cours trop difficile ? Ou de ne jamais être triste ?