Qu'est-ce qui pousse la patronne des patrons à rempiler à la tête du Medef, quitte à semer le chaos au sein de l'organisation ? En poursuivant sa ″mission au service de la France″, c'est surtout sa passion pour la politique que Laurence Parisot assouvit. Négocier en tête-à-tête à l'Elysée, avoir ses entrées dans les ministères, conclure des accords historiques... Un monde de pouvoir qu'elle entend bien ne pas quitter.

Laurence Parisot est de plus en plus critiquée. Beaucoup se demandent si le PDG du groupe Scor va briguer sa succession. Non, confie l'intéressé à l'Express. Sauf si...

La manière de négocier est un sujet régulièrement débattu entre les partenaires sociaux. Pendant longtemps, l'idée de recourir à la négociation plutôt qu'à l'affrontement (années 1970-1980) se trouvait au centre du débat. Depuis les années 1990 et 2000, l'idée d'autonomie des partenaires sociaux par rapport à l'Etat a été revalorisée, CFDT et Medef allant même, lors de la « refondation sociale » de 1999-2000, jusqu'à invoquer les vertus d'une société civile en voie d'émancipation.

Cette année, l'université d'été du Medef a été l'occasion pour beaucoup de candidats à la présidentielle de clamer leur amour au patronat. Cependant, du côté des PDG, l'enthousiasme n'est guère de mise. Et rares sont ceux qui !souhaitent afficher publiquement leur préférence.

"Marianne" a pu consulter les comptes de l'antenne de formation des conseillers prud'homaux gérée par les organisations patronales. Salaires mirobolants, hôtels de luxe, "rétrocessions", etc. La preuve que les patrons trouvent aussi des vertus à la justice du travail...

Patron des patrons comme son père, héritier de l'entreprise familiale qu'il a su développer, il dit n'avoir jamais rêvé d'être là où il est. Brut de convictions, il égrène des phrases toutes faites. Pour le président du Medef, la France est une surdouée endormie.

Martine Aubry vainqueur dans le match rugueux qui l'oppose à Ernest-Antoine Seillière sur les 35 heures ? Incapable de bloquer la réduction de la durée du travail, c'est lui qui a mordu le tatami.

Les dirigeants du patronat son accusés par la gauche de faire le programme de la droite. Mais n'est-ce pas l'absence de prise de position forte des deux camps qui leur a laissé un boulevard pour faire entendre leur voix ?