″Trop de bonheur″ ? pas si sûr ! Les personnages de ce recueil - assassins ou divorcés - dissimulent tous dans leur passé une catastrophe à laquelle il leur faut survivre. Exquise cruauté du style, narration hyper maîtrisée, Alice Munro, encore au sommet.

Mi-fiction, mi-autobiographie, Du côté de Castle Rock nous plonge dans l'univers de la grande Alice Munro

Le dernier recueil de la nouvelliste canadienne, ironiquement intitulé « Trop de bonheur », dépeint des femmes à la recherche d'une autre vie. Mais leurs destins basculent très vite dans le tragique.

Couronnée à Stockholm l'an passé, la Canadienne demeure admirable de discrétion, rétive qu'elle a toujours été à la sociabilité littéraire. Son dernier recueil de nouvelles, enfin traduit en français, confirme son génie du clair-obscur - tout aussi insaisissable .

La rumeur court toujours : la Canadienne Alice Munro, traduite en quatorze langues et portée à l'écran, pourrait avoir le Nobel en complément de ses nombreux prix déjà gagnés au Canada et aux Etats-Unis.

Gagner sa liberté, sa vie, son espace : tel est toujours le fil serré des histoires d'Alice Munro. Mais pour la première fois il s'agit de son histoire personnelle, précise, lucide, dans la ferme aux renards argentés, en lien direct avec celle de ses ancêtres venus d'Ecosse.

Alice Munro, nouvelliste canadienne, publie ici son treizième ou quatorzième recueil : on y retrouve les caractéristiques des précédents. Le décor et le mode de vie (sauf pour la dernière nouvelle) sont ceux du sud-ouest de l'Ontario où vit l'auteur ; les protagonistes sont presque tous des femmes. Mais pour qui connaît Munro, l'auteur n'a rien d'une régionaliste ou d'une adepte du réalisme social, ni de ce qu'on aurait appelé à une autre époque un écrivain de ″l'âme féminine″.

A 70 ans et plus, Mavis Gallant, Alice Munro et Margaret Atwood publient romans, nouvelles et souvenirs. Elles n'ont ni leur langue ni leur plume dans leur poche.

"Rien que la vie", Alice Munro l'a annoncé, est son ultime ouvrage. Les lecteurs de la nouvelliste canadienne, récemment nobélisée, l'attendaient donc avec impatience. Mais les déclarations de Munro, en faisant beaucoup espérer de "Rien que la vie", sont en partie responsables de la déception qu'on ressent à sa lecture.

Depuis des années nobélisable, Alice Munro, l'impératrice canadienne de la nouvelle, apparaît d'une surprenante discrétion. Sans doute est-elle bien armée face aux vanités, tant, légère et impitoyable, elle sait concentrer en peu de mots d'inoubliables personnages, dans toutes leurs nuances et ambiguïtés.