En septembre, le Parti social-démocrate est arrivé en tête des élections législatives allemandes après des années d’affaissement. Sa base et son programme penchent vers la gauche, alors que son candidat à la chancellerie, M. Olaf Scholz, incarne l’aile droite. Relégué jusqu’ici au second plan, ce grand écart résistera-t-il à l’épreuve d’une coalition gouvernementale avec les Verts et les libéraux ?

Après le choc des élections, s'ouvre la bataille pour la tête de la Commission. Tacticienne et girouette, la présidente sortante a beaucoup de cartes en main.

Une crise institutionnelle en France, une percée de l’extrême droite en Allemagne, et des trous budgétaires dans les deux pays : les turbulences observées à Paris et à Berlin sont dues à une paralysie politique mêlée à un manque de dynamisme côté économique, observe "The Times" à Londres. En France, la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre ne résout rien, estime la presse étrangère. L’Allemagne, elle, semble devenue la patrie de l’immobilisme. Sommaire. La fuite en avant. Avec Michel Barnier à Matignon, Macron a choisi Macron. La Ve République, ce zombie.

Artisan de la réunification allemande après la chute du mur de Berlin, en 1989, l'ancien chancelier, décédé à l'âge de 87 ans, avait compris qu'une Allemagne forte ne pouvait exister qu'au sein d'une Europe stable et réconciliée. Un équilibre subtil dans lequel la relation avec la France jouait un rôle clé.

Depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, l’Allemagne est entrée dans une nouvelle ère. Le chancelier Scholz a annoncé un "changement d’époque" ("Zeitenwende"). Le pays doit adapter sa politique étrangère et de sécurité au nouveau contexte géostratégique et réorienter une industrie manufacturière dont la puissance reposait jusqu’à présent sur les importations d’énergie russe à bas coût. Déjà, les livraisons d’armement à l’Ukraine ont mis fin à la traditionnelle « retenue » diplomatique allemande et Berlin a nettement durci son positionnement à l'égard de la Chine.

Donnés favoris aux élections anticipées de février 2025, les conservateurs pourraient remporter la chancellerie. Mais pour cela ils devront être en mesure de former une coalition – ce qui pourrait se révéler ardu.

Ses seize années au pouvoir sans réforme laissent l’Allemagne et l’Union européenne dans une situation désastreuse.