Voilà six semaines que l’Iran est secoué par une vague de manifestations inédites sinon par leur ampleur, au moins par leur nature. Car la mort le 16 septembre 2022 d’une étudiante de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation pour « port de vêtements inappropriés », n’a pas seulement mis en lumière la brutalité et l’injustice de la police de la moralité. Elle a surtout mis le feu aux poudres et déclenché un mouvement sans précédent des femmes iraniennes, souvent très jeunes, contre l’oppression du régime.

Un an après le début de la révolte, le régime a-t-il remis au pas l'Iran ? Pour l'anthropologue Chowra Makaremi, malgré une cinglante répression, un processus irréversible s'est enclenché.

En Iran, la contestation du régime qui a suivi la mort de Jina Mahsa Amini a gagné tout le pays et tous les secteurs de la société. Le 16 septembre 2022 à Téhéran, la jeune femme décédait après avoir été arrêtée par la police des moeurs pour avoir porté le voile, obligatoire, de manière « inappropriée ». La sociologue francoiranienne Azadeh Kian décrypte la cristallisation d’une tension parvenue à son extrémité, entre une société qui s’est modernisée et un régime islamique archaïque.

Fin 2022,l'ONG Iran Human Rights, sise à Oslo en Norvège, consacrait sa revue "Nos droits" au mouvement insurrectionnel en Iran. Intellectuels iraniens, femmes et hommes, réfléchissent dans ce numéro sur ce droit au bonheur bafoué, chaque jour, par la République islamique. Niloofar Gholami, journaliste au multimédia allemand DW et fervente défenseuse de la démocratie, en fait partie. Voici son interview.

Les manifestations en Iran reflètent une évolution significative de la société. De plus en plus de catégories sociales sont impliquées. Un pouvoir de moins en moins populaire ne tient que par la violence. Il semble bien condamné à long terme.

Malgré la force des manifestations qui ont suivi le décès, en septembre 2022, d’une jeune Kurde iranienne arrêtée par la police, le régime des mollahs résiste encore et toujours. Tout sauf un hasard. Le corps des gardiens de la révolution pèse pour un tiers du PIB du pays. Celles et ceux qui le composent – Téhéran parle de près de un demi-million de soldats et de paramilitaires – restent les garants zélés de la République islamique, même si des fissures apparaissent dans la cuirasse du géant chiite. Sommaire. Les pasdaran, derniers gardiens du régime. Les gardiens de la révolution.

Otages français à Téhéran, menaces contre "Charlie Hebdo" et des opposants à Paris, l'Iran d'Ali Khamenei fait monter la pression. Sommaire. Pourquoi l'Iran cible la France. 50 ans de relations empoisonnées. Ali Khamenei, le "saint" aux mains rouges. Bienvenue au « club des dictateurs ».

Le 24 octobre 1979, la Constitution de la République islamique d'Iran était adoptée dans la liesse révolutionnaire. Dix jours plus tard, ce même élan conduisait des centaines d'étudiants à prendre d'assaut l'ambassade des États-Unis à Téhéran et à provoquer du même coup la célèbre « crise des otages» (1979-1981).

Les manifestations qui ont balayé l’Iran, suite à la mort de Mahsa Jina Amini en détention et contre le port obligatoire du hijab, suggèrent l’effondrement de l’idéologie théocratique du régime iranien.

Le soulèvement actuel augure la fin du régime des mollahs et des retombées sur l'islam politique et les pays satellites de l'Iran, soutient cette chercheuse, militante et féministe arabe.