Le 19 mars 2018, l'armée turque a pris la ville syrienne d'Afrin, tenue depuis 2012 par les troupes arabo-kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Cette victoire galvanise la propagande guerrière d'Ankara, qui menace d'étendre ses opérations à l'est de l'Euphrate. Allié à l'extrême droite, M. Recep Tayyip Erdogan, qui prépare sa réelection en 2019 s'en prend à ses partenaires occidentaux. Présence également d'un article intitulé "Dès qu'on frappe à la porte...".

C’est une saynète désormais bien rodée. Un gouvernement – progressiste ou réactionnaire – prend une décision qui contrevient aux préférences de la finance. Les marchés menacent, le pouvoir politique renonce, les médias applaudissent. La crise italienne a démontré que le « cercle de la raison » néolibérale ressemble de plus en plus à un noeud coulant passé autour du cou de l’électeur.

En dépit d’une politique contestable et contestée dans bien des domaines (à commencer par l’économie), le président Recep Tayyip Erdoğan a été réélu à la tête de la Turquie, fin mai 2023, pour un troisième mandat. Bien des dirigeants européens souhaitaient sans doute un changement, nourrissant l’espoir de voir se détendre les relations entre Ankara et l’Union européenne, voire l’Alliance atlantique. Mais le peuple turc en a décidé autrement ; il va donc falloir s’en accommoder.

Dans la province turque de Kahramanmaras, épicentre du séisme qui a fait près de 40 000 morts, les destructions sont incommensurables et la colère contre le pouvoir palpable. En Syrie, la catastrophe frappe une population déjà éprouvée par douze ans de conflit. Sommaire. La colère des survivants contre Erdogan. Une tragédie amplifiée par la corruption. Les Syriens aussi une catastrophe politique. "Mon esprit me disait que c'était la guerre qui revenait". Ce que savent les scientifiques des deux séismes.

Les élections présidentielle et législatives de mai 2023 ont montré que la Turquie n'est pas réconciliée avec elle-même. Les défis et antagonismes qui existaient à la naissance de la République voulue par Mustafa Kèmal n'ont pas disparu et continuent de façonner la vie politique. En les renforçant, en polarisant sa société et en menant une politique étrangère agressive, M. Recep Tayyip Erdogan engage son pays dans un nouveau siècle très incertain.

Réformiste, nationaliste et pro-occidental, le kémalisme, avec ses "résolutions", fut un impressionnant programme de transformations politiques, économiques et culturelles, balayant sans hésiter les derniers vestiges d'un empire déchu. À bien des égards, l'édification de la République fut l'une des expériences les plus ambitieuses du XXe siècle. Mais ce ne fut jamais un mouvement consensuel, et les résistances d'hier, notamment celle du peuple kurde, irriguent les divisions d'aujourd'hui. Sommaire. Et Mustafa Kemal créa la Turquie moderne. L'onde de choc du coup d'État de 1980.

Dimanche 14 mai 2023, 64 millions d’électeurs turcs se rendent aux urnes pour des élections générales cruciales quant à l’avenir démocratique du pays. Si la défaite annoncée de Recep Tayyip Erdogan fait renaître l’espoir, celui qui se voyait sultan ne lâchera pas le pouvoir aussi facilement. Un second round reste envisageable. Soit, une période d’entre-deux-tours pleine de dangers, où tous les coups sont permis. Sommaire. "Kiliçdaroglu n'est pas un révolutionnaire, il propose juste un retour à la raison économique". "On est à Sarreguemines, et en même temps en Turquie".

Cible privilégiée du pouvoir turc, les réseaux gülénistes tentent de se réorganiser en Europe. De son côté, Ankara est confronté à une crise ouverte avec les Etats-Unis après avoir acquis des missiles russes et esquissé un rapprochement avec Moscou. Malgré les tensions, une sortie de la Turquie de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) est peu probable. Sommaire. La Turquie, allié capricieux, ennemi impossible. Refuge européen pour les réseaux gülénistes.

Le scrutin de mai se tient dans un contexte intérieur peu favorable, pour des raisons économiques et politiques.

Espérer une reconfiguration totale de la diplomatie turque dans le Caucase en cas de défaite du président sortant serait une erreur.

Communauté internationale désemparée, Russie impuissante : l’Iran semble désormais seul capable de rivaliser avec les forces turques.

L’évolution du système politique turc vers un modèle russe ou chinois est aujourd’hui crédible.