L'année 1970 aura été fatale aux hommes célèbres en France. Le 1er septembre, François Mauriac s' éteignait, un mois avant Jean Giono, deux mois avant le général de Gaulle. Le rôle tenu par Mauriac dans la société française est sans doute difficile à imaginer aujourd'hui. Les grands écrivains se font rares et ceux reconnus comme tels se gardent souvent des feux de la rampe. Seul Jean d'Ormesson, vers la fin de sa vie, a occupé une fonction un peu identique à celle de Mauriac. Encore possédaient-ils des registres très différents.

Il existe, de longue date, une légende noire à propos de Racine, souvent présenté par les commentateurs sous les traits d'un ambitieux à qui un talent hors du commun aurait ouvert la voie d'une ascension inespérée.

Peut-être bien que toute l'oeuvre du poète écossais Hugh MacDiarmid (1892-1978) se résume à une question de frontières. Celles, poétiques, qu'il voulut effacer et celles, politiques, qu'il s'efforça de tracer. Les critiques restent divisés sur la question de savoir s'ils peuvent se permettre d'ignorer son engagement nationaliste- en faveur de l'indépendance écossaise - et communiste quand ils abordent ses vers qui révolutionnèrent non seulement la poésie écossaise, mais aussi la littérature des îles britanniques, et au«là des mers, les littératures anglophones.

Une biographie accuse le romancier de compromissions avec le régime communiste tchèque – sans autre preuve qu’une mécompréhension de la littérature.

Comment vivre à hauteur de soi dans le monde moderne ? Marc Fumaroli a trouvé la réponse dans la sociabilité heureuse de la littérature classique, peut-être au détriment de l’appel à résister politiquement dans la langue : une « dissidence discrète ».

Alors que l'auteur de "Soumission" rassemble ses "interventions" dans la presse, cinq de ses fidèles lecteurs, de Frédéric Beigbeder à Aurélien Bellanger, analysent son évolution politique.

Dans plusieurs publications, nous avons développé une conceptualisation du romantisme comme une vision du monde qui se caractérise par une protestation fondamentale contre le monde moderne - un monde régi par le capitalisme - au nom de valeurs puisées dans le passé précapitaliste et prémoderne. Il nous semble que l'oeuvre de William Morris (1834-1896) s'approche du « type idéal », au sens wébérien, de cette vision romantique.

Qu'est-ce qu'un poète national ? Avant même de tenter d'y répondre, la question d'emblée dérange celui qui s'y risque, regrettant aussitôt de s'aventurer sur un sol aussi incertain : un fond de vase instable, voire un terrain miné...

Irrécupérable, telle semble être l’œuvre de Jean Genet. Non seulement au regard des polémiques qu’elle a suscitées et suscite encore, mais plus profondément par son refus de s’apaiser, de pactiser, d’oublier. « Je conserverai en moi-même l’idée de moi-même mendiant » écrivait Genet dans le "Journal du voleur". Ni l’humiliation, ni la souffrance, ni l’exclusion n’ont à aucun moment été oubliées. L’ensemble de son oeuvre pourrait ainsi être lue comme un refus radical de toute amnistie. Pas d’oubli, et donc pas de mesure ou de compromis. Pas de résilience non plus.

La littérature, la liberté, et les tourments de l'actualité. Entretien avec le Prix Nobel de littérature récemment élu à l'Académie française.

Depuis quelques années, le travail de "sensitivity reading" fait l’objet d’attaques virulentes. On crie à la censure, à la réécriture de l’histoire et au plus grand drame de notre époque, le « politiquement correct ». Or cette expression brandie comme un épouvantail recouvre un grand nombre de pratiques, jusqu’à désigner des démarches aux fondements presque antagoniques – effacement d’un contenu, contextualisation d’un propos, suggestions de corrections, approfondissement d’une réflexion, nuances apportées à une description.