Le 26 avril 1986, une catastrophe survient dans une centrale nucléaire d'Ukraine, alors partie de l'empire soviétique : Tchernobyl. Vingt-cinq ans plus tard, le drame de Fukushima, au Japon, en est un écho sinistre. Corinne Lepage, ministre de l'Environnement de 1995 à 1997, dénonce un ″négationnisme″ nucléaire.

Alors que le prix du pétrole flambe, de plus en plus de pays se tournent vers le nucléaire. L'Asie construit des réacteurs en grand nombre, les Etats-Unis et même l'Europe s'y mettent à leur tour. L'opinion l'acceptera-t-elle ? Certains voient l'atome comme un moindre mal, car il produit peu de gaz à effet de serre.

Le débat sur les avantages et les risques de l'énergie nucléaire est certes loin d'être clos. Mais le vent a manifestement tourné. Les turbulences du marché des hydrocarbures et la nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre poussent aujourd'hui les Etats à envisager une relance de l'industrie électronucléaire. Et les opinions publiques, jusqu'ici méfiantes, se montrent compréhensives. Reste à savoir si cette floraison de projets sera effectivement suivie d'effets.

Après la crise, le drame de Fukishima ravive les peurs, interroge la conscience collective.

Les Etats-Unis ont été les premiers à jouer la carte de l'industrie nucléaire. Mais ils ont aussi été les premiers, en 1979, à connaître les frayeurs d'un accident majeur. D'où l'inquiétude des populations qui vivent à proximité des centrales, d'autant que les procédures de sécurité paraissent ne pas être assez strictes. Plus au sud, les grands pays émergents s'intéressent à ces technologies ″d'avenir″ - au nom de l'indépendance énergétique, mais aussi pour soutenir leurs ambitions géostratégiques.

Le refus de l'Iran de laisser l'AIEA contrôler ses sites peut faire capoter l'accord sur le nucléaire malgré les efforts du président américain.

Dans un entretien publié le 13 janvier 2015 dans "L'Usine nouvelle", la ministre de l'Ecologie (sic) Ségolène Royal affirmait : "Il faut construire de nouvelles centrales nucléaires". Elle était ainsi cohérente avec le projet de loi baptisé à tort de "transition énergétique" dont l'article 55 grave dans le marbre à 63,2 GW la capacité nucléaire française sans limite de temps, c'est-à-dire exactement la même capacité qu'aujourd'hui. Cela veut donc dire que les réacteurs les plus vieux qui seront fermés devront être remplacés par de nouveaux réacteurs à construire, ce qu'a affirmé la ministre.

Le grand carénage, colossale opération de maintenance des centrales, vient de démarrer. Un défi technique et... financier.