Une démocratie vit toujours et nécessairement en débats, en tensions, en instabilités ; ceux-ci connaissent parfois - selon le contexte économique et la situation internationale - des exacerbations telles que l'organisation sociale semble au bord de l'implosion. Or la traversée d'une ère de profondes turbulences crispe les positions de chacun, engage encore plus impérieusement à rechercher (ou à proclamer) des réponses définitives. Les psychanalystes, avant tout occupés de la souffrance psychique d'un sujet, pourraient-ils se tenir à l'écart de cette inquiétude générale ?

Commençons par le commencement : si l'on veut s'attaquer à l'idolâtrie des autres, et notamment des politiques et de leurs porte-parole, il vaut mieux commencer par connaître la sienne.

Sommaire. "Au coeur du processus identificatoire : la tentation de s'aliéner". De l'avidité en politique et en général et ce qu'elle peut apprendre du/au psychanalyste. Freud, penseur de la modernité ? L'alliance, source du politique. Intrusion du politique dans le domaine de l'autisme. Capitalisme et schizophrénie. La psychanalyse, un antidote à l'idolâtrie politique ?

Quel éclairage la psychanalyse peut-elle bien apporter aux questions sociales et politiques ? Lorsque Freud se risque à les aborder, sa manière d'étendre au groupe des concepts individuels ainsi que les limites de son point de vue anthropologique posent problème. Mais peut-être précisément ses textes portent-ils témoignage de l'époque de mutation où ils s'inscrivent, entre la fin des pouvoirs de droit divin et les crises totalitaires du XXe siècle, à l'aube de la "société des individus" et de la démocratie moderne ?

L'avidité en politique est déjà sanctionnée ; mais est-elle comprise ?