Il existe une expression que chacun a utilisée : « Ça me rend dingue ! » Que signifie-t-elle ? Que la réalité nous atteint, qu'elle nous porte littéralement sur les nerfs. Le terme savant est « pathomorphose » : il désigne la mutation des maladies psychiques en fonction des époques. Les troubles se modifient donc au fur et à mesure que la société change : addiction aux jeux vidéo, déficit d'attention, hyperactivité, troubles du comportement alimentaire, burn-out, ou le dernier arrivé, l'écoanxiété.

La féminité - son intimité, ses hauts, ses bas, ses aléas - est devenue la proie de bien des convoitises consuméristes. Après les règles et la ménopause, dont l'invisibilité ancestrale est dénoncée à grand renfort de trémolos et de gadgets réparateurs, c'est au tour du post-partum de passer à la caisse.

Sentiment d’isolement, culpabilité, incompréhension, confusion, autant d’éprouvés soulevés par les patients affectés par une maladie sans diagnostic ou ultra‑rare et, avec l’errance médicale qui la caractérise, par les professionnels. Face à cet inconnu, les laissant aux prises avec leur imaginaire et leurs projections, seul un accompagnement spécifique serait à même d'aider la personne et sa famille à évoluer avec la maladie.

Dans cet article, l’auteur rend compte d’une clinique d’écoute, d’accompagnement et de soins psychiques auprès de demandeurs d’asile et de clandestins, rencontrés et pris en charge en foyer. Ces migrants et ces réfugiés traversent de multiples épreuves, traumatisantes, depuis le jour où ils quittent leur pays d’origine jusqu’au jour où ils découvrent leur pays d’accueil.