Après avoir mis en lumière l'existence de Camille Claudel (Une femme, Camille Claudel, grand prix des lectrices de Elle en 1983), Anne Delbée a consacré, en femme de théâtre, des ouvrages à Racine, (Racine, roman, Fayard, 1997) et à Sarah Bernhardt, (Le sourire de Sarah Bernhardt, Fayard 2000).

Qui ne connaît les pièces de Jean Racine ? Qui n'a pas vu, lu ou étudié une de ses oeuvres ? Mais qui connaît l'homme ? C'est à cette tâche immense, à partir des pièces, des archives et des travaux publiés sur ce grand poète tragique français que s'attèle André Le Gall dans cette biographie de référence accessible à un large public. Né en 1639, orphelin de mère deux ans plus tard puis de père en 1643, élevé par les religieuses de Port-Royal, il suit ensuite des études de logique au collège d'Harcourt jusqu'en 1658. Deux ans plus tard, il signe une ode pour le mariage de Louis XIV, La Nymphe de la Seine. Sa première tragédie, La Thébaïde (1664), n'obtient guère le succès mais ses oeuvres suivantes comme Alexandre le Grand lui valent toutes les faveurs. Une pièce qui le fait se brouiller avec Molière puisqu'il la retire de son théâtre. L'homme est décidé à réussir et ne manque pas, quand il le faut, de violence de ton. C'est en 1667 que s'ouvre la période des chefs-d'oeuvre avec Andromaque, Britannicus (1669), Bérénice un an plus tard, Bajazet... et Phèdre en 1677. Puis il cesse d'écrire des tragédies, sa réconciliation avec Port-Royal y étant pour beaucoup. Un livre passionnant pour découvrir un homme et donner envie de relire ses oeuvres.

L'auteur reconstitue la chronologie de l'existence de J. Racine, en s'appuyant en priorité sur le corpus des documents originaux, en particulier les 190 lettres de Racine qui nous sont parvenues.

Présentation par l'éditeur de la deuxième édition de cette ouvrage : "La première édition de ce livre, aux éditions Roblot, date de 1987. René Pommier venait de soutenir sa thèse de doctorat d'Etat dans laquelle il démontait patiemment le Sur Racine de Roland Barthes pour démontrer l'absolue nullité d'un livre qui constitue, selon lui, l'un des sommets de la sottise humaine par sa complète inintelligence des textes, sa continuelle incohérence et sa constante extravagance. En attendant une éventuelle édition de sa thèse (elle sera publiée, avec le concours du CNRS, l'année suivante, par les éditions SEDES), René Pommier avait choisi d'en donner, avec ce Roland Barthes, ras le bol ! une sorte de condensé destiné à un plus large public. On y trouve tout d'abord, la " Lettre ouverte aux jobarthiens " qui constituait le long et très polémique avant-propos de la thèse dactylographiée lequel, pour éviter une longueur excessive, n'a pas été repris dans la thèse imprimée. On y trouve ensuite un résumé très détaillé qui reproduit, les très nombreuses citations de Racine en moins, les grandes lignes d'une argumentation très serrée. On y trouve enfin l'intégralité de la conclusion dont l'édition imprimée n'a repris qu'une partie des notes parfois très longues. La première édition de Roland Barthes, ras le bol ! était précédée d'une préface de l'éditeur. Elle a été remplacée ici par une préface de l'auteur qui évoque les attaques parfois très violentes que le livre a suscitées notamment aux U.S.A. et sur France Culture dans l'émission " Panorama ". Comme René Pommier le prévoyait, son livre ne pouvait que rendre furibonds " tous les jobards qui raffolent des fariboles alambiquées et du babil sibyllin de l'ineffable aliboron dont ils ont fait leur idole ".

Edwards ose poursuivre ici sous un angle inédit la comparaison entre Racine et Shakespeare que Stendhal n'avait fait qu'amorcer. Au coeur de la littérature de leur pays, ces immenses auteurs illuminent les différences des langues française et anglaise dans leurs rapports avec le réel, voire des Anglais et des Français dans leurs manières de se concevoir et d'habiter le monde, Mais chacun cherche à sa façon " à faire pressentir une langue vraiment humaine au-delà de notre babil ". La poésie française apparaît plutôt centripète, quand l'anglaise est centrifuge Racine aspire à la plénitude et à la pureté de l'un, Shakespeare, à la foison inépuisable du multiple. La tragédie ne parle donc pas seulement du bonheur comme du malheur, mais se préoccupe de traduire tous les possibles de la condition humaine. (info. éditeur)