Au moment où l'on célèbre le 200e anniversaire de la mort du marquis de Sade, les questions qu'il pose restent entières et les réponses qu'il leur a données dans sa vie ou dans son oeuvre posent de nouvelles questions. Ses idées et ses récits sont publiés librement depuis à peine un demi-siècle. Ils entrent cette année dans la prestigieuse collection de la Pléiade. Et trouvent maintenant leur écho au Musée d'Orsay qui leur consacre une exposition intitulée "Sade.

Sade, l'écrivain le plus commenté, le plus interprété et le moins lu.

Au XVIIIe siècle, le donjon du château de Vincennes, devenu prison d'Etat, a accueilli ces deux penseurs des Lumières parmi ses illustres pensionnaires.

L'athéisme, les passions, le blasphème, la lucidité, la cruauté... Avec Sade, tout est poussé à son paroxysme, jusqu'à blesser le ciel. Sa liberté de pensée va inspirer maintes générations d'artistes, ce que raconte l'exposition "Sade. Attaquer le soleil", au musée d'Orsay. Nous l'avons parcourue avec Annie Le Brun, qui en est le maître d'oeuvre.

A Charenton, dans l'asile créé en 1641 pour le traitement des "malades d'esprit" et la réclusion des "polissons", le marquis de Sade fut interné par deux fois. Il y mourut le 2 décembre 1814, après y avoir écrit et fait du théâtre.

Bien avant Stendhal, Sade avait fait du voyage en Italie un genre littéraire. Florence, Rome et Naples furent en 1775 les étapes d'une pérégrination artistique, romanesque et sensuelle. Cet étonnant récit paraît pour la première fois dans son intégralité, tandis que la Pléiade publie le deuxième volume de ses Oeuvres complètes.

Dans ses textes sulfureux, Sade (1740--1814) annonce l'avènement de la société productive. Son monde reflète le mécanisme de production, avec son organisation, ses représentations, ses symboles, ses différentes formes de rationalisation qui peuvent mener à la destruction de la liberté.

Chantal Thomas rattache Sade à son contexte, celui d'un XVIIIe léger, joueur, désinvolte. Du coup, paradoxalement, elle le rapproche de nous.