La levée du siège israélien autour du QG d'Arafat ne peut éclipser le revers que représente l'annulation par Kofi Annan de la mission chargée d'établir la vérité sur ce qui s'est passé à Jénine.

Malgré les excuses embarrassées de l'armée israélienne, l'utilisation d'une bombe d'une tonne pour détruire un immeuble de Gaza où 14 civils ont été tués, en même temps qu'un chef militaire du Hamas, a mis Ariel Sharon dans une situation difficile.

Jusqu'ici la tentative de pousser Arafat à l'exil n'a fait que constituer autour de lui l'unité du peuple palestinien. Mais le Premier ministre israélien ne renonce pas et attend avec impatience... la guerre contre l'Irak.

Il y a terrorisme palestinien, bien sûr, mais aussi une grave crise économique. Et le "camp de la paix" a moins de trois mois pour se reconstruire et proposer aux électeurs une autre politique.

C'est en réalité à la liquidation physique du président de l'Autorité palestinienne, et non seulement à son expulsion, que pense le Premier ministre israélien. Son objectif : annexer dans la foulée une bonne partie de la Cisjordanie et en chasser les habitants palestiniens.

Avec la politique de Sharon, jamais depuis sa création la sécurité de l'Etat d'Israël n'a été aussi assurée, tandis que jamais celle de ses citoyens n'a été aussi menacée.

Après avoir encouragé pendant des années les Israéliens à multiplier les colonies dans les territoires occupés, le Premier ministre est prêt aujourd'hui à verser des indemnités aux colons qui accepteront de quitter Gaza. Ce qui provoque la fureur de l'extrême-droite nationaliste...

Pour faire accepter aux colons la perspective d'une évacuation de la bande de Gaza, le Premier ministre israélien veut montrer qu'il ne s'agit ni d'une concession ni d'un aveu de faiblesse.

Si le président de l'Autorité palestinienne meurt, la stratégie du Premier ministre israélien s'effondre : il ne pourra plus continuer à refuser la négociation.

Ariel Sharon est parvenu à mener à bien l'évacuation des colons, au grand soulagement de la majorité des Israéliens.

Il était l'ennemi numéro un des partisans de la paix, l'homme de la multiplication des implantations dans les territoires occupés. Aujourd'hui, c'est lui qui fait évacuer la bande de Gaza et reconnaît le droit des Palestiniens à un Etat.

Après l'élection d'Amir Peretz à la tête des travaillistes, nouveau bouleversement dans le paysage politique israélien : Ariel Sharon quitte le Likoud pour fonder son propre parti.