En arrêtant le responsable du massacre de Srebrenica, entre autres, les autorités serbes montrent leur désir de tourner une page noire de leur histoire. Mais plusieurs questions importantes restent à régler.

Le procès du général serbe Ratko Mladic, orchestrateur de la tuerie de Srebrenica, est le dernier du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY). Ving-cinq ans après sa création, il fermera ses portes le 31 décembre, après aovoir fait germer l'idée d'une justice universelle

Le bilan du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie est inégal. La condamnation de Karadzic a confirmé son projet d'extermination. Mais l'arrestation de Florence Hartmann a tout gâché. Et l'acquittement de Seselj a enterré la réflexion sur les responsabilités de la propagande de guerre.

L'acquittement surprise de l'ultranationaliste serbe au Tribunal de la Haye est une mauvaise nouvelle pour un pays où le souvenir de la dictature, des sanctions et de la guerre reste vif.

Le jugement de l'ancien homme fort de Pale par le Tribunal international est indispensable. Mais les autres dirigeants serbes, y compris ceux que soutiennent aujourd'hui les Américains, ne sont pas moins opposés que lui à la paix de Dayton.

Le tribunal établi à La Haye pour juger les crimes commis en Croatie et en Bosnie se heurte à la mauvaise volonté et à l'hypocrisie de tous les signataires des accords de Dayton. Cinquante-trois criminels ont été inculpés à ce jour, et seuls deux sont détenus...

Après sept ans d'une étrange passivité, les forces américaines se sont lancées à la poursuite de Radovan Karadzic, inculpé de génocide pendant la guerre de Bosnie.

Une action concertée pouvant être assimilée à un crime contre l'humanité a bien été mise en oeuvre en ex-Yougoslavie.

En théorie, il est l'homme le plus recherché d'Europe. Et pourtant, dix ans après les accords de Dayton, le leader des Serbes en Bosnie, le psychiatre mégalo responsable de la mort de 200 000 personnes continue de narguer la communauté internationale.

Quel paradoxe pour la procureure Carla Del Ponte : le procès à grand spectacle qu'elle a monté, loin de mettre en lumière les crimes commis par l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic, assure un regain de popularité à l'accusé.

On connaît aujourd'hui par des documents ce qu'on pouvait déjà deviner depuis l'été dernier : l'épuration ethnique de Srebrenica par les miliciens serbes a été programmée à l'avance, s'est faite sous les yeux de la communauté internationale et avec son assentiment passif.