Le manque de modèles adultes stables pousse les adolescents à des conduites extrêmes, pour s'affirmer...

Dans un récent ouvrage, Eric Debarbieux, chercheur en sciences de l'éducation, et son équipe analysent la montée de la violence à l'école, que seule une "action modeste" conjointe des pouvoirs nationaux, locaux et des établissements eux-même pourra endiguer. Extraits.

Révolte et éducation sont aussi vieilles que l'école elle-même. La nouveauté, c'est que la violence est devenue insupportable alors que l'éducation s'est donnée comme but l'intégration de tous.

La violence dans les établissements scolaires reste une actualité récurrente. Injures, racket, coups, intimidations, introduction d'armes alimentent quotidiennement les articles de presse.

Les incivilités minent l'école. Leur répétition quotidienne provoque le ras-le-bol des enseignants, confrontés à des comportements agressifs.

C'est une réalité, marginale, mais une réalité. La violence prend désormais ses aises en primaire.

Depuis quelque mois, confrontés à une agressivité de plus en plus grande de la part de leurs élèves, certains enseignants font valoir leur droit à ne plus exercer leur métier dans ces conditions de réel danger.

Tantôt montée en épingle, tantôt étouffée, la violence scolaire est-elle réellement en augmentation ? Parlons plutôt d'une évolution qui varie selon les régions et les établissements, et à laquelle ni les hommes politiques ni les juristes ne parviennent à répondre de manière efficace, et laissent enseignants et parents, face à des situations qui, le plus souvent, ne trouvent leur règlement qu'au cas par cas...

Le procès de l'élève qui a poignardé en décembre 2005 sa professeur, Karen Montet-Toutain, vient de s'ouvrir. L'éducation nationale n'en sortira pas indemne.

Les plans ministériels se succèdent, la violence à l'école demeure. Pourtant pouvoirs publics, enseignants, parents et élèves ont décidé de ne pas baisser les bras.

Après la "tentative de meurtre" sur un élève de Mantes-la-Jolie, ramenée ensuite à des proportions nettement plus banales, la machine médiatique s'est emballée.

Le plus important est de se demander pourquoi les jeunes gens scolarisés développent une telle violence. Car c'est la mission de l'école qui est ici remise en cause.