Avec ses normes contraignantes (critères de convergence, pacte de stabilité et de croissance, pacte budgétaire) et ses institutions supranationales (Commission de Bruxelles, Banque centrale européenne), l'architecture de la zone euro dessine une sorte de fédération technico-économique. Son but ultime est l'achèvement du Marché commun décidé en 1957 par le très libéral traité de Rome. Depuis l'Acte unique de 1985, l'intégration communautaire semble tout entière tournée vers cette unification dont la monnaie unique est la clé de voûte.

En répondant par l'austérité à l'inquiétude des marchés sur leur dette, les Européens se condamnent à la récession. Le remède infligé aux maillons faibles (Grèce, Irlande), qui peut tuer la zone euro, n'est pas une fatalité.

Loin d'avoir soldé la crise de ses dettes publiques, l'Europe s'enfonce dans l'impasse des politiques d'austérité. La Banque centrale européenne ne cesse de créer de la monnaie au bénéfice des banques, mais les traités lui interdisent d'en faire autant pour sauver les Etats. Quatre scénarios se dessinent.

Pour l'Europe du Sud, la monnaie unique signifie désormais chômage et abandon de souveraineté. Ce symbole ultime de l'alliance européenne survivra-t-il aux divergences d'intérêt ? L'Europe réinventera-t-elle un projet qui fédère, au service des peuples ? Plus que monétaire, l'enjeu est social. Et politique.