Manuscrit, le mot "méchante" barre d'un rouge transparent, comme un vernis à ongle maternel, la couverture du dernier Nadja. Sous le titre, la poupée de Paula fixe le lecteur de ses yeux noirs. Un jour, des garçons, un peu voyous, lui font passer un mauvais quart d'heure. Paula est si désespérée qu'elle accepte le marché d'une femme étrange : le jouet adoré sera réparé si elle en garde le secret. A minuit, la poupée revient, plus que guérie : elle parle et elle marche. Elle se met à souffler à l'oreille de Paula des idées de vengeance. Contre les garçons agressifs d'abord : ils sont punis. Contre sa meilleure amie ensuite : elle se retrouve en danger de mort ! Pas d'effet gratuit mais une construction logique du récit qui permet à l'héroïne, avec une aide extérieure, d'arrêter cet infernal cycle de haine. La poupée matérialise la méchanceté qui assaille les enfants. Un mal symbolique qui sera vaincu grâce à l'intervention de la marraine-fée. D'un ton juste et sans moraliser, Nadja se met à l'écoute de l'enfant. Elle reconnaît ses élans positifs comme négatifs et lui donne l'occasion de les dépasser. Son graphisme expressionniste est une merveille : scènes de sérénité ou d'inquiétude au parc, tristesse, vengeance, malaise, amitié sont autant de grands formats où la peinture quasiment palpable permet de plonger vraiment dans l'histoire. Pour tous dès 5 ans. MAD.