Les formes de l'imaginaire à partir de la contre-utopie constituent ici le sujet de prédilection des chercheurs ; soit avec des textes canoniques comme The Island of Dr Moreau, soit avec des exemples plus rares comme le Neuromancer de William Gibson. L'investigation est marquée par les orientations récentes de la sociologie et des 'gender studies' pour sonder l'histoire de la sf féminine aux États-Unis et y voir les incertitudes de la 'destinée manifeste' ou relier les voix du mal à celle de la femme perçue comme minoritaire. Une place est faite aux souvenirs gothiques, tels qu'ils peuvent se manifester au xixe siècle dans les romans poétiques de George Macdonald (Lilith) ou ceux de Nathaniel Hawthorne dépeignant Rome comme ville gothique. Les échos de cette sensibilité persistent dans beaucoup de romans actuels, d'où une lecture de Night Train de Martin Amis. Mais l'originalité du présent volume est d'avoir associé aux littéraires purs les spécialistes du cinéma qui parallèlement ont, ou bien adapté les textes les plus frappants de ce patrimoine, ou cherché à créer une expression qui lui est propre. Ainsi le volume se termine sur une investigation du film d'animation Fantasia, créé dans les studios Disney dans les années 40. L'adaptation se taille la part du lion et permet d'esquisser une première réflexion sur le sujet de la visualisation de l'étrange. Ceci avec la mise en images des nouvelles de Bierce, les lectures interprétatives de The Innocents de Clayton. The Exorcist pose la question du fantastique à proprement parler, alors que Losey (Accident) est plus proche de l'insolite. S'ajoute à cette collection un détour par les paysages d'Hitchcock envisagés comme envoûtement.