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La marque du père
Auteurs :
Editeur :
Année de parution :
2006
Collection :
1 vol. (103 p.)
"Moi, mon père était milicien." Cette phrase, Michel Séonnet l'avait parfois prononcée, sur le ton de la provocation, pour tenter maladroitement de partager son malaise. Mais ce n'était qu'un demi-aveu. Son père fut également engagé dans la division Charlemagne, c'est-à-dire membre français de la Waffen SS. Une «indignité» dont il ne voulut jamais dire un mot, mais que trahissait, tatoué sous son aisselle, un petit rond bleu indiquant son groupe sanguin : le stigmate indélébile des militaires qui avaient prêté serment au Führer... Et tout se passe comme s'il réalisait brutalement que le mutisme paternel a façonné sa propre identité, en lui injectant un tenace sentiment de culpabilité. C'est lui qui éclaire l'antifascisme naïf de sa jeunesse, comme les années essentielles passées aux côtés d'Armand Gatti - un ancien résistant -, et imprègne son premier roman, « Que dirai-je aux enfants de la nuit ? », où figuraient déjà les thèmes de cet autoportrait tourmenté. «Je me souviens de ce que je n'ai jamais connu», pouvait-on y lire en 1994. Grégoire Leménager in : Le Nouvel Observateur, n° 2206