Dassault sous haute surveillance
Bulletin : L'Express 3256 - novembre 2013
Numéros de page :
11 p. / p. 68-74, 76, 78, 80, 82
Il a jusqu'ici déjoué tous les pièges qui ont jalonné sa longue (et tardive) carrière. L'homme est habile, incroyablement résistant. Mais il apparaît aujourd'hui singulièrement fragilisé : à la fois dans le collimateur de la justice, pressé de clarifier ses intentions quant à sa succession et, enfin, menacé de perdre son siège de sénateur, auquel il tient tant. Acharnement sur une personnalité, propriétaire du « Figaro », proche de la droite ? Pas si simple. Serge Dassault se retrouve mêlé à plusieurs enquêtes judiciaires, dont l'une lui a déjà valu d'être entendu quatre heures durant, un matin d'octobre 2013. L'industriel, qui a régné pendant quatorze ans sur Corbeil-Essonnes (Essonne), est soupçonné d'avoir acheté les voix de ses électeurs à coups de prêts et de dons. Le Conseil d'Etat l'avait déjà privé, en 2009, de son mandat de maire. Demain, la nouvelle loi sur ta transparence de la vie publique pourrait l'empêcher de se représenter aux élections sénatoriales. Mais, pour l'heure, c'est la capacité du groupe d'assurer sa pérennité qui mobilise l'attention jusqu'à l'Elysée : le Rafale attend toujours son premier contrat à l'export, l'actionnariat de l'avionneur pourrait évoluer dans les prochains mois et la gouvernance future du holding familial reste un mystère. Jamais la 5e fortune de France n'a soulevé tant d'interrogations.