Le Discours et la matérialité de ses artefacts
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26 p. / p. 17-42
Klaus Krippendorff, représentant majeur du courant cybernétique et du constructivisme social, propose dans cet article une théorie du discours susceptible de prendre en compte la matérialité des artefacts, de la dimension signifiante des textes et du mouvement de réinterprétation dont ils font l'objet. En mettant en évidence la façon dont la linguistique, l'analyse conversationnelle, l'analyse de discours et l'analyse de contenu négligent une part essentielle des discours sociaux, l'auteur propose de repenser le discours comme une réalité qui s'auto-contraint, à partir de cinq éléments constitutifs : les artefacts qu'il produit, les communautés de praticiens qui le font vivre, les pratiques récurrentes qu'il institue, les frontières qu'il trace et son pouvoir de justification. Cette analyse débouche sur une reformulation de la relation entre discours et réalité qui se détache d'une conception représentationnelle pour se fonder sur une pragmatique de l'″affordance″, qui permet de comprendre comment les discours et leurs praticiens s'adaptent à différents environnements et entrent en contact avec des discours autres.