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Peinture et philosophie, les aventures de la vérité

Numéros de page :
10 p. / p. 63-72
Voici une exposition qui devrait réjouir tous ceux qui, sans être hostiles au fait que les oeuvres d'art ne soient pas seulement des objets de décoration (ou de spéculation financière), trouvent que l'art contemporain est parfois un peu trop enveloppé de discours fumeux. Et c'est d'un philosophe, Bernard-Henri Lévy, que vient la proposition ″libérez les artistes !″. Il est le commissaire de l'exposition-événement de l'été, les Aventures de la vérité (29 juin - 6 octobre), qui marque aussi le retour de la Fondation Maeght à des projets d'envergure. En sept ″stations″, et à travers quelque 170 oeuvres, l'exposition retrace les rapports qu'ont entretenus l'art et la philosophie depuis la suspicion de Platon envers les produits de l'illusion. Suivent tous les aléas à travers l'histoire, échanges fructueux mais également instrumentalisation de l'un par l'autre, de cette relation. Comment, dans un champ de liberté ouvert par Nietzsche, les peintres vont pouvoir affirmer l'indépendance de leur art, mais comment aussi une philosophie moribonde a pu être dévorée par un art en mal de sens. Enfin, dans une époque où l'on se plaint parfois de la prédominance prise par les commissaires d'exposition, on constatera que celui-ci, tout philosophe qu'il soit, avance l'idée que, face aux grandes questions métaphysiques de notre temps, ″l'art est la vraie philosophie″. Pour sérieux que soit son propos, l'exposition n'est pas qu'un parcours didactique. On peut faire confiance à l'énergie et au professionnalisme de BHL et d'Olivier Kaeppelin, directeur de la Fondation, pour avoir déniché le plus rare dans l'art ancien et le meilleur dans l'art contemporain.