Anus. De quoi le fondement est-il le nom ?
Bulletin : Causette 45 - mai 2014
01 mai 2014
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Numéros de page :
8 p. / p. 52-59
Le petit trou n'essuie que mépris, déni ou raillerie. En attestent les réactions mi-gênées, mi-hilares de ceux à qui on a causé lorsqu'on a planché sur le sujet. Les uns ont ri jaune, les autres ont pris peur, certains même nous ont pris pour des détraqués, et personne, jamais, n'a pris l'anus au sérieux. La simple évocation du fion provoque instantanément une ambiance cour de récré. Rien moins que frivole, pourtant, le "trente-six plis". Comment peut-on croire qu'il n'ait rien de valable à dire alors qu'il est la base des insultes les plus fleuries de notre répertoire ? Prenez "enculé", par exemple. Alors qu'on sait depuis belle lurette que tout un chacun peut jouir par le cul (et n'est-ce pas là l'égalité véritable ?), celui qui nous souhaite le pire nous condamne à nous faire embrocher la rondelle. "J'te la mets bien profond", dit-on aussi quand on est poli. Mais, enfin, pourquoi veut-on toujours y enfoncer quelque chose ? C'est sans doute pour ça que le fondement vit à l'abri de nos fesses dodues : on en a après lui. Et elle est bien là, toute la schizophrénie de cette mal-aimée porte de derrière. La zone destinée à l'évacuation des déchets est potentiellement érogène, mais son accès relève du rapport de domination, considéré comme un délit ou un péché selon le lieu et l'époque. A croire qu'entrer par la sortie de secours ne peut se faire que dans un rapport de force.
Note Générale : Dossier de 6 articles.