Le Street art, est-il un phénomène de mode ?
Bulletin : <>Journal des arts 420 - octobre 2014
03 octobre 2014
Numéros de page :
7 p. / p. 19-25
L'enthousiasme croissant pour le street art laisse perplexe quant à son avenir, tant ce mouvement est traversé de contradictions. A commencer par le passage de la rue à la galerie. Comment une pratique dont l'identité repose en partie sur son support (mur, palissade, train) et qui n'a pas de visée commerciale peut-elle garder son essence, lorsqu'elle est réduite à une toile vendue par un marchand ? Le recours généralisé au pseudo, voire à l'anonymat, ne risque-t-il pas de lasser ? Plus gênant encore, à côté d'une poignée d'artistes reconnus, combien d'amateurs médiocres fabriquant des images à la chaîne ? Le monde de l'art contemporain regarde avec circonspection cette esthétique souvent décorative, mais se risque encore peu à l'ostraciser, freiné par son image urbaine et rebelle qu'il serait malvenu de critiquer en cette époque de prêt à penser. Et pourtant une nouvelle catégorie d'acheteurs s'y intéresse, attirés par l'immédiateté de ces oeuvres. Elargir le marché est naturellement une bonne chose, mais il ne faudrait pas décevoir ce public.