Qu'est-devenue la littérature de voyage ?
Bulletin : Transfuge 68 - mai 2013
Numéros de page :
30 p. / p. 64-93
Il y a une littérature de voyage qui s'avance en terrain connu et suit docilement les sentiers battus des lieux communs. Pour un authentique vagabond comme Mariusz Wilk, combien d'équivalents littéraires du touriste bobo, combien de Sylvain Tesson, adeptes d'une nostalgie ringarde de l'aventure et d'un spiritualisme pseudo-poétique ? Mais d'autres écrivains, les Patrick Deville, les David Van Reybrouck, les William T. Vollmann, les Alexandra Fuller, savent qu'il n'y a qu'un territoire à explorer qui vaille : le réel, notre réel et pas celui d'un passé fantasmé. Pour secouer le récit de voyage, ils sautent dans le train de la creative nonfiction. Les uns font du reportage littéraire, les autres inventent des formes inclassables, mais ils partagent tous une même conviction : il n'y a pas de frontière entre la littérature et la réalité, entre les choses vues et l'écriture. Ils sont aussi excitants, aussi révolutionnaires que Stevenson ou Cendrars en leur temps.