Trait pour trait
Bulletin : La Revue dessinée 11
01 mars 2016
Auteurs
Numéros de page :
8 p. / p. 214-221
Le 7 janvier 2015, des terroristes décimaient la rédaction de "Charlie Hebdo". En ciblant des hommes et des femmes juste armés de crayons, ils attaquaient aussi un principe absolu de la nation, la liberté d'expression. Alors que les pancartes "Je suis Charlie" s'affichaient partout, comme autant de pansements sur un pays blessé, des voix dissonnantes s'élevaient, justifiant l'injustifiable. Le journal satirique n'était-il pas allé trop loin en se moquant de la religion ? Pourtant, depuis la Révolution, la caricature n'a eu de cesse de faire céder les digues du sacré, ces frontières invisibles qui protègent les intouchables politiques ou religieux. Depuis des siècles, en raillant monarques et puissants, papes, ayatollahs et rabbins, la caricature permet de tendre vers une société plus moderne. N'en déplaise aux partisans du sacré tout-puissant, la désacralisation est l'essence même de la satire et, malgré les coups durs, elle a encore de beaux jours devant elle.