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Pourquoi il faut montrer l’horreur

Numéros de page :
pp.38-46
L’histoire du photojournalisme est émaillée d’images qui ont ému ou horrifié les lecteurs de presse. Les photos et vidéos qui affluent de Syrie depuis le mois de février 2018 relancent le débat : à la vue de ces enfants blessés, pris au piège dans l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, on hésite à détourner le regard, partagé entre l’écoeurement et la nécessité de regarder l’atrocité en face. La polémique suscitée en France par le refus du Média, une webtélé proche du parti La France insoumise, de diffuser ces images au motif qu’elles feraient le jeu du “sensationnalisme” souligne l’acuité d’une question presque aussi vieille que la photographie : peut-on tout montrer ? A cette interrogation, qui prend une nouvelle résonance face à l’abondance d’images déversées sur les réseaux sociaux et les risques de manipulation de l’information (fake news), il n’existe aucune réponse simple ou définitive. C’est pourquoi, en partenariat avec le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève, "Courrier international" a choisi de donner la parole aux hommes et aux femmes qui, au quotidien, font face à cette “douleur des autres” qu’avait théorisée la critique américaine Susan Sontag. Aussi bien ceux, comme le photographe de Magnum Moises Saman , qui prennent les clichés, que ceux, comme les éditeurs photo, qui les sélectionnent et les publient. Sommaire. Moises Saman : “Une photographie est une preuve”. Pour une éthique du regard. Le métier de choisir. Donner à voir l'indicible.