Etre père aujourd'hui, une question d'actualité ? Oui, si l'on en croit les reprises des discussions sur les projets de texte concernant le droit de la famille dans les médias, l'importance accordée aux relations parents-enfants dans de nombreux films récents. La difficulté d'exercice de la fonction paternelle y est systématiquement mise en avant. Les pères y sont décrits comme absents (à propos des familles monoparentales), étrangement présents (ceux qui prennent un congé parental), fuyants (ceux qui n'en prennent pas), souffrants (lors des séparations d'avec leur progéniture), perdus (surtout au cinéma, des fils ramènent leur père à la réalité). Derrière ces mises en scène, une question centrale taraude les différents acteurs : qu'est-ce qu'un bon père ? Ce qui conduit parfois à interroger : est-il une mère comme les autres ? Les transformations récentes de la famille, entraînant irrémédiablement la destitution du pater familias, ont permis l'émergence d'une aspiration masculine à participer aux soins quotidiens des enfants. Faute de modèle univoque, chacun s'arrange dans sa propre vie et tous les styles cohabitent, du père autoritaire semblant surgi du passé au père copain ne posant aucune limite, du père très présent au père absent. L'organisation traditionnelle de la famille, assignant celui-ci au rôle de détenteur de l'autorité et de pourvoyeur de ressources, n'est plus qu'un modèle parmi d'autres. Les changements, visibles à l'oeil nu, dans les manières d'exercer la fonction paternelle posent l'une des questions les plus intéressantes de notre époque car elle touche à la transmission intergénérationnelle et au fonctionnement de la famille, creusets du développement psychoaffectif de l'enfant. Tout changement dans ce domaine pouvant impacter durablement le fonctionnement psychologique des générations futures, il est important d'essayer de comprendre les ressorts de l'évolution actuelle.