Le masculin n'est plus ce qu'il était. Le phénomène fait l'objet d'un déni, c'est un sujet tabou qui n'a pas encore émergé dans le débat public de ce côté-ci de l'Atlantique et, pourtant, les faits sont là, flagrants et massifs : à tous les âges, désormais, les hommes décrochent tandis que les femmes font la course en tête. Dès l'enfance, on constate un désinvestissement scolaire des garçons, un comportement d'échec ou de décrochage qui se traduit notamment, mais pas seulement, par une inégalité de performance entre garçons et filles en faveur de ces dernières. Les hommes ont ensuite plus de difficultés à trouver du travail et à assumer leurs responsabilités, notamment familiales, au contraire des femmes qui, en pleine ascension, ont conquis l'indépendance économique. La masculinité contemporaine se caractérise également par une immaturité prolongée bien au-delà de celle qui résulte de l'allongement de la formation et de l'entrée dans la vie adulte commune aux deux sexes. L'immaturité est devenue le coeur de la nouvelle culture masculine, à rebours de ce qu'elle était jusqu'alors: une culture de la maturité, du rôle collectif et de la paternité. La nouvelle culture masculine est une culture jeune, de la rébellion et de la dérision, fondée sur la mise à distance de la réalité actuelle et l'évasion hors d'elle au moyen du numérique dans des mondes fictionnels comportant une dimension ludique. Elle correspond à un nouvel idéal professionnel, sentimental et familial. Elle représente une vision complète de l'existence, positive et revendiquée, qui fait sociabilité et fédère des communautés.