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L'Eté indien de la vie

Numéros de page :
pp.165-174
Dans son livre autobiographique, "Le Monde d’hier" (1942), Stefan Zweig raconte comment à la fin du XIXe siècle, à Vienne, dans l’Empire austro-hongrois, régi par un souverain de soixante-dix ans, entouré de ministres chevrotants, l’opinion tenait la jeunesse en suspicion. Malheur à qui avait gardé une allure juvénile : il ne trouvait pas d’emploi et la nomination de Gustav Mahler à trente-huit ans au poste de directeur de l’Opéra impérial fut une exception scandaleuse. Etre jeune constituait alors une entrave à toutes les carrières. Il fallait pour les ambitieux paraître plus âgés : hâter la croissance de la barbe, charger son nez de lunettes à monture d’or, afficher des cols empesés, s’imposer le port d’une longue redingote noire et, si possible, afficher un début d’embonpoint, gage de sérieux. On devait punir la jeunesse pour hâter son accession à la maturité.
Note Générale : Fait partie d'un dossier de 2 articles intitulé "Autre naissance, autre vieillesse".