Afrique-France. Un autre regard
Bulletin : Jeune Afrique 3014
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Numéros de page :
pp.89-94, 96-97, 99
L'Afrique est partagée au sujet d'Emmanuel Macron. Elle envie sa jeunesse, qui tranche avec l'âge moyen de ses chefs d'Etat. Elle applaudit le milliard d'euros de dons supplémentaires inscrits au budget 2019 de l'Agence française de développement (AFD). Mais elle s'agace quand le président français lui dit crûment ses vérités. Quand il constate que «des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien». Ou quand il demande à un étudiant de n'avoir pas «une approche bêtement post-coloniale ou anti-impérialiste» au sujet du franc CFA. C'est là le style un brin provocateur que le président français adopte aussi avec ses compatriotes. Pour lui, il n'y a ni tabou, ni politiquement correct, ni prudence diplomatique d'un autre âge à respecter. Il faudra s'y faire car, sous son impulsion, le regard français sur l'Afrique et celui de l'Afrique sur la France changent par touches successives. L'approche naguère misérabiliste laisse la place à une démarche qui se veut respectueuse. Les méfaits de la colonisation sont reconnus. La coopération, vieux et beau mot relégué au magasin des souvenirs, semble enfin à l'ordre du jour sous l'appellation de «partenariat». Sommaire. La rupture à pas comptés. Carlos Lopes, Ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies (CEA) : "Face à la Chine et aux Etats-Unis, les Européens prennent du retard". Economie : rééquilibrage. Christophe Lecourtier, directeur général de Business France : "Il faut convaincre les entreprises de passer à l'acte".