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couverture du document

Entre assis et insurgés : Gérard Bauër, 1888-1967

Numéros de page :
pp.140-152
Il n'y a plus rien de si stable qui entrait dans le journal comme on poussait la porte d'un salon où les amis vous attendaient pour jouer au billard. Le journal était un club en marge du travail officiel. On le retrouvait le soir avant d'aller se coucher. Se connaître, connaître le monde, les autres, se déroulait comme suivant une partition. On en a une très bonne idée dans ce numéro, à la redécouverte du trop méconnu Gérard Bauër, figure familière du petit Paris mondain des années 30, qui signait Guermantes dans "Le Figaro". Bauër tenait lui aussi son journal en rajoutant une bûche dans la cheminée. Il pourrait avoir son rond de serviette à l'index du Journal des Goncourt. Il était de ce monde qui a disparu dans les trains de la Shoah, mettant un terme à ces plaisirs de l'esprit qui faisaient le charme de vivre à Paris ailleurs qu'au Vél' d'Hiv'. Bauër en aura vécu les dernières secondes. Réfugié en Suisse, il resta celui que l'on avait eu l'habitude d'aimer, un dilettante d'autrefois qui n'avait plus sa place. Pierre-François Mettan s'occupe de le faire remonter à bord, et la "NRF" est d'accord. Guermantes ne sera pas de trop à renforcer l'équipage. Qu'eût-il trouvé de malicieux à dire de nous autres dans son journal ?