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Alain Finkielkraut. Identification d'un mécontemporain

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pp.59-67
Alain Finkielkraut qui publie au même moment un essai en forme d'autoportrait. N'allons pas y attendre un strip-tease émotionnel qui ne s'y trouve pas. Mais il était intéressant de délaisser un instant les fureurs du polémiste pour une conversation plus apaisée, et remontant plus haut dans le temps vers les années 60 et plus haut encore à l'écoute de l'histoire familiale, père rentré d'Auschwitz, grands-parents non revenus. Alain Finkielkraut, pour reprendre le titre d'un de ses plus percutants essais, « Le juif imaginaire », n'a pas voulu prendre la pose d'un héritier des camps qu'il n'a pas connus. Ce lecteur de Kundera maître en ironie a cherché un autre chemin pour habiter son époque. Tournant le dos à la tour d'ivoire, il a opté pour la sortie au-dehors, la confrontation brute avec le réel quitte à prendre des coups et à les rendre, une expérience de la « réplique » qui est aussi l'emblème d'une émission de radio qu'il anime depuis plus de trente ans. La « réplique » comme un des arts de la conversation convient à ce lecteur passionné de Péguy. On ne pourra pas lui reprocher d'avoir failli à ce désir de confrontation avec soi-même et avec autrui dont il témoigne ici. Alain Finkielkraut est une figure familière de ce qui reste de scène intellectuelle française, trente ans après « La défaite de la pensée ». Cela valait bien la peine de ce bout de chemin.