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Textures de la surface : le sol et la page

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Numéros de page :
pp.11-29
En partant de l’intérêt renouvelé pour les surfaces en tant que lieu de production du sens, cet article compare deux types de surface : la page et le sol. Dans l’Europe médiévale, la lecture était vue comme une promenade dans un paysage, les lignes inscrites sur le parchemin similaires aux chemins tracés sur le sol. Suivant cette analogie, le sol est comme un parchemin utilisé à de nombreuses reprises : un palimpseste. Mais en tant que surface, le palimpseste se construit en enlevant des couches. Il obéit à un principe anti-stratigraphique. Comment se fait-il, alors, que les Modernes ont tendance à considérer la page et le sol en des termes stratigraphiques ? La réponse à cette question se trouve dans les technologies du pavage et de l’imprimerie. Ces dernières opèrent une séparation entre notre imagination et notre façon d’habiter la terre. Est-il alors possible de réunir les deux ? La conclusion de cet article propose deux manières de faire, en passant par des exemples littéraires. Ce qui est en jeu, ce sont des façons différentes de penser l’esprit : comme un palimpseste ou comme un substrat. Peut-être qu’en revenant à la conception médiévale de la lecture comme promenade, on peut finalement redonner à la géographie son sens littéral : celui d’une écriture de la terre.