Non, Alexandre Dumas ne fut pas ce gros écrivain qui produisait des volumes à la chaîne : ce fut un grand écrivain, et les millions de lecteurs contemporains peuvent attester de la capacité de son génie narratif à franchir le temps. Cette persistance prend aujourd'hui des airs de revanche. Car longtemps, Dumas fut dédaigné : comment pouvait-il écrire bien, lui qui écrivait tant ? Comment pouvait-on prendre sa signature au sérieux quand on ne savait combien d'auteurs se cachaient derrière? "Personne n'a lu tout Dumas, pas même lui", se gaussait-on de son vivant. Comme cette époque semble loin ! De nos jours, personne ne conteste le génie dumassien. Au contraire : on lui rend grâce d'avoir versé à la bibliothèque de nos représentations un joyeux archétype bien français en la personne de d'Artagnan. Ou d'avoir inventé, avec Monte-Cristo, une dramaturgie fondatrice, à laquelle se référeront mille histoires d'évasions. Parce qu'il écrivait des feuilletons et travaillait en équipe, on le voit comme le père des séries télévisées. Grâce à Claude Schopp, son grand critique, de nombreux textes inédits ou oubliés ont ressurgi. C'est heureux. Car le génie dumassien déborde bien au-delà des pages de ses chefs d'oeuvre. On le retrouve dans ses romans et nouvelles fantastiques méconnus, dans ses "Mémoires bigarrés", ou dans la foule de ses récits de voyages. Et cet appétit s'étendait à tous les plaisirs de l'existence intellectuelle et charnelle : les femmes, les dîners, les succès, l'argent et les folies qu'il permet ; Dumas embrassait tout ! Sa formidable vitalité plastique se retrouve dans chacune de ses pages. Le lieu commun contemporain, selon lequel il importe de rater sa vie pour réussir son oeuvre, l'aurait sans doute bien fait rire. Sommaire. La vie d'un ogre. Mémoires d'un écrivain du siècle. Petite histoire du "Comte de Monte-Cristo". La monde à portée de plume. La tentation de l'étrange. Tous dans de Dumas. L'art et la matière d'un feuilletoniste. Grande oeuvre pour petit écran. Les bijoux méconnus.