Après avoir été relativement effacée pendant les guerres balkaniques, l'Union européenne s'est engagée en offrant une perspective d'adhésion aux nouveaux États issus du démantèlement de la Yougoslavie. Le processus est bien engagé, mais plus il avance et plus il piétine. Tout d'abord, les craintes remontent. Corruption, état de droit défaillant, trafics en tous genres, la zone est à hauts risques. Ensuite, la situation politique n'est pas stabilisée. Le démembrement de l'ex-Yougoslavie est-il achevé ? Enfin, la perspective de l'adhésion a été annoncée avant que les leçons du grand élargissement de 2004/2007 n'aient été tirées. Mais rien n'y fait. La Commission semble sourde aux réticences des États et des populations, en faisant le pari que plus l'Union avance et moins elle pourra renoncer. Les Balkans sont l'illustration du gouffre entre une poignée de décideurs et les citoyens européens. Les Balkans sont une tragédie car l'UE ne semble pas avoir d'autre choix qu'entre le suicide (en poursuivant les élargissements) et la honte (en renonçant à intégrer les candidats). Mais à qui la faute, sinon à l'Union elle-même ?