Sous le double effet de la mondialisation et de l'essor de l'économie des services, la désindustrialisation est apparue longtemps comme une fatalité. Cette perception est en train de changer dans les grands pays industrialisés tels les Etats-Unis, le Royaume-Uni et, avec un certain retard, également en France. Pour Sarah Guillou, les inconvénients de la désindustrialisation sont, en effet, trop importants pour ne pas tenter un renouveau industriel. Celui-ci doit d'abord s'inscrire dans un environnement réglementaire stable et prévisible. Ensuite, il ne peut que réussir s'il est en phase avec l'ancrage productif et préférentiel du pays. Ainsi, l'inflexion de la dynamique de la désindustrialisation peut venir d'une nouvelle spécialisation productive dans des technologies d'avenir. Henrik Uterwedde ne nie pas le potentiel d'une politique industrielle classique ou renouvelée, mais souligne l'importance du dialogue social pour le développement des structures productives : les mutations et réorganisations nécessaires pour enclencher une nouvelle dynamique industrielle au sein d'une branche ou d'une entreprise ont plus de chances de réussite si elles sont accompagnées d'un modèle constructif des relations sociales. L'exemple de l'économie allemande illustre les bienfaits de la capacité de négocier des solutions collectives aux problèmes de compétitivité industrielle.