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La Famille

Numéros de page :
90 p. / p. 6-95
"Tout le monde croit savoir ce qu'est la famille", remarquait Françoise Héritier en 1979. Parce qu'elle s'inscrit dans notre pratique quotidienne, poursuit l'anthropologue, elle apparaît à chacun comme un fait naturel et donc universel. Les transformations dont elle est l'objet en Occident depuis la fin du XXe siècle -essor des divorces, des familles monoparentales, recomposées, ou homoparentales - ont cependant incité les sciences sociales à y regarder de plus près. L'apport des anthropologues a été essentiel. Mais la rencontre avec les historiens s'est faite par étapes. Dans leurs études pionnières des années 1960-1970, les historiens des mentalités cherchaient dans le passé l'émergence de la famille conjugale. Cette idée du passage progressif d'une structure élargie à celle, réduite, du ménage "moderne" à partir du XVIIe-XVIIIe siècle a fait long feu. Dès l'Antiquité, la plupart des hommes et des femmes élevaient les enfants au sein de structures étroites et solidaires. En déplaçant le regard vers la filiation, l'alliance ou la différence des sexes, l'anthropologie historique a fait émerger les grandes évolutions des systèmes de parenté au cours de l'histoire. Ainsi, à Rome, où le mariage était un acte privé, la seule filiation reconnue était juridique. Et " le prêt de ventre, ne choquait personne. Avec le christianisme, qui opte pour une définition étroitement biologique, ce système prend fin. L'adoption n'est plus possible. Le mariage devient au XIe siècle un sacrement ; le divorce est interdit. Unis et égaux devant Dieu, l'homme et la femme ne forment qu'une seule chair, même si, tout au long du Moyen Age et sous l'Ancien Régime, le pouvoir des pères ne fait que se renforcer. Sommaire. "En Occident la famille nucléaire a globalement dominé". Des Dieux et des lois. Mésopotamie. Ce que révèlent les codes de lois. Pourquoi les Grecs abandonnaient leurs enfants. A Rome, le droit plus que le sang. Sainte Fam