What Is a Hieroglyph ?
Bulletin : <>Homme 233 - janvier 2020
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Numéros de page :
15 p. / p. 9-44
Parmi les systèmes d’écriture mixtes, logo-phonétiques, se distinguent les écritures hiéroglyphiques. Afin de déterminer ce qui fait le propre de celles-ci, nous considérons les deux grandes traditions, historiquement indépendantes, d’écriture hiéroglyphique : maya et égyptienne. Les écritures hiéroglyphiques se caractérisent par leur pictorialité, maintenue à travers le temps, et par des signes dont les formes ne sont pas réductibles à une combinaison de lignes ou de traits (ni, donc, à des polices typographiques). Ces écritures sont étroitement intégrées à une culture esthétique plus large et constituent un mode de communication visuelle dense et encyclopédique. Les pratiques, dans lesquelles on reconnaît des métadiscours implicites, impliquent des idéologies de l’écriture hiéroglyphique fondamentalement différentes de celles d’instrumentalité et de transparence, souvent associées à l’écriture alphabétique. Les signes hiéroglyphiques ne sont pas seulement vecteurs de valeurs linguistiques : ils sont eux-mêmes des entités inviolables, suggérant une ontologie et une capacité d’action spécifiques. De manière inhérente, l’écriture hiéroglyphique est excessive, tant sur le plan visuel que sémantique – une dimension qui peut être diversement accentuée selon les contextes. À la fois ouvertes et exclusives, les deux traditions d’écriture hiéroglyphique se sont développées pendant des millénaires dans des sociétés diverses et en mutation, en un lien indissociable avec leurs cultures esthétiques et visions du monde de ces sociétés.